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Octobre 2021

Commission sur les abus sexuels dans l'Église

Par les prêtres de Notre-Dame d'Amiens

Cette semaine, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église a remis aux évêques de France le rapport que ces derniers lui avaient commandé il y a trois ans. Ce rapport présente une estimation des cas d’abus sexuels au cours des 70 dernières années, analyse comment l’Église les a traités et propose des recommandations.

 

           Les chiffres du rapport sont impressionnants. La réalité est consternante. Un sentiment de colère, de honte selon les mots du Pape François, de dégoût et d’impuissance peut nous envahir. Une nouvelle vague de suspicion et de défiance risque de se lever à l’encontre des prêtres et de l’Église. Faut-il, pour riposter, entamer un débat malsain sur les nombres de cas supposés ou réels ? Certainement pas. Un cas de pédophilie dans l’Église, c’est déjà un cas de trop.

 

         Pour répondre à sa vocation dans le monde, l’Église a le devoir absolu de faire toute la lumière sur ces délits et ces crimes. Prions pour que cette démarche soit prophétique pour l’Eglise elle-même. En faisant toute la vérité, et sans donner de leçon à quiconque, l’Eglise pourra prendre sa juste part dans l’effort que toutes nos institutions doivent mener face à un phénomène qui, dans un silence assourdissant, gangrène notre société depuis trop longtemps. Sur la période 1950-2020, 5 millions et demi de personnes en France auraient été victimes d'abus sexuels avant leur majorité. Les violences sexuelles commises dans l'Église représenteraient ainsi 4% du total des violences de ce type dans la société française.

 

      Dans une heure si dure, le mystère du mal reste incompréhensible. L’urgence est à la pénitence et à la prière. Nous voudrions le faire d’abord et avant tout pour les personnes qui ont été abusées au sein de l’Église. Nous voudrions le faire simplement, par une fidélité toujours plus grande à l’exigence de notre vocation et à la beauté de notre consécration.

 

        Ne nous laissons pas fasciner par le mal ni emporter par la peur. Regardons Celui qui, par la croix, a donné la seule réponse possible devant le mystère du mal. Gardons confiance en Celui qui est notre Juge, le maître du temps et de l’histoire.

 

Don Édouard

Don Antoine

Don Charles-Marie

Don François

« Dans les épreuves : Unité, dans le doute : Liberté, en toute chose : Charité. »
Nous trouvons dans cette devise de saint Augustin une boussole sûre pour nous orienter au milieu des brumes de notre époque particulièrement troublée. Épidémie, attentats, limitation du droit de réunion et manifestations pour la messe… 

Autant d’évènements qui, au lieu de conduire l’Église à se rassembler, avivent de profondes divisions. Le diable – diabolos, le diviseur – tisse sa toile pour nous attraper. Tomberons-nous dans ses filets ? 

Le premier piège consiste à nous laisser endormir lentement par une laïcité mal comprise. Atteints par un consensualisme mou et, disons-le franchement, par un affadissement spirituel, nous serions prêts à devenir peu à peu des chrétiens par procuration. Grâce aux écrans, la messe ne serait plus vraiment nécessaire… Alors, faut-il sacrifier l’Église pour la société ? Non.

Le second piège consiste à nous désolidariser du monde. Certes nous « n’appartenons pas » au monde, mais nous sommes « dans le monde » (Jn 15, 19). Et plus que jamais, le monde a besoin de l’Église, priante et agissante, dans les églises, les maisons et auprès des plus pauvres. Donnerons-nous ce témoignage ou étalerons-nous nos déchirures, au risque d’altérer plus encore le témoignage authentique que le Christ attend de nous ? Faut-il sacrifier la société pour l’Église ? Non. 

Le dernier piège consiste à utiliser les armes du monde au nom même de la défense de la foi. Victimisation, communautarisme, anathèmes contre les pasteurs de l’Église… Comme les apôtres qui reprochaient au Christ de ne pas prendre le pouvoir en Israël, nous voudrions une Église plus « pure », plus « courageuse »… Faut-il donc sacrifier l’Église pour en faire une autre, à notre image ? Non. 

 

Alors reprenons.

 

L’unité. Elle n’est pas l’uniformité. Elle consiste à rechercher le Bien commun intégral, sans opposer celui de l’Église à celui de la société, puisque nous sommes et dans l’une et dans l’autre. Elle signifie également que différentes positions peuvent légitimement exister si l’on garde à l’esprit et au cœur que Celui qui nous unit dépasse infiniment nos différences.

La liberté. Elle invite chacun à agir en conscience, éclairée par la prière et par la parole des pasteurs légitimes de l’Église. Dans une situation que nous savons évolutive et transitoire, elle nous invite à utiliser autant que possible les moyens qui nous sont donnés. Ces moyens sont certes incomplets – ils ne « remplacent » pas la messe – mais ils ne sont pas pour autant dénués de valeur et d’efficacité pour notre sanctification.

La charité. Toute action qui ne prend pas sa source en elle se prive elle-même de toute fécondité. Avec elle, tout peut être fait par amour : prière, sacrifice, solidarité, engagement social ou politique. Posons-nous la question : mes engagements sont-ils motivés par la charité ? Pour le savoir, il n’est qu’à regarder la Croix : elle nous apprend qu’il n’y a pas de charité sans un amour désintéressé de soi-même ; sans abandon ni obéissance. 

Unité, liberté, charité.

C’est ce que nous cherchons à vivre en communauté. Comme hommes et comme prêtres, nous pouvons avoir des regards différents sur l’actualité, mais nous savons que l’heure est trop grave pour nous diviser. En cette fin d’année liturgique, nous formulons ensemble cette prière pour chacun de vous, vos familles et nos paroisses : que le Christ Roi de l’Univers fasse grandir en nous l’unité, la liberté et la charité !

 

Don Édouard

Don Claude-Noël

Don Charles-Marie

Don François

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