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Conférences de carême

Extrait de la conférence de don Antoine, retranscription de l'oral.

Le 19 mars 2023


Les tentations

Nous ne sommes guère en cette vie mortelle

sans rencontrer beaucoup de tentations.


Cette parole de saint François de Sales nous rappelle que de nombreuses tentations viennent régulièrement nous assaillir. Remporter une victoire sur les tentations que nous connaissons est un enjeu Mais pour cela, il est important de bien se connaître et de bien connaître le mécanisme du tentateur. Un peu de science religieuse et de doctrine peut prévenir de ces dangers.


1/ Comprendre les tentations

La tentation et le péché, bien que liés, sont deux choses distinctes. Nul besoin de se sentir coupable d’une tentation, ce qui blesse l’âme, c’est le péché.

Les tentations qui nous guettent de l’extérieur ne peuvent nous nuire que si nous les recevons.

Les tentations qui viennent de l’intérieur ne peuvent nous nuire que si nous y agréons.

Tant qu’il n’y a pas de réception volontaire de la tentation, il n’y a pas de péché. La tentation est la suggestion de faire le mal. Le Christ lui-même a été tenté, mais n’a jamais commis aucun péché. Un combat spirituel est nécessaire car le démon est souvent présent pour chercher à nous éloigner de Dieu, il fait le siège de notre âme. Mais toutes les tentations ne sont pas démoniaques. Elles sont de différentes natures car elles proviennent de différentes sources :


  • Le monde extérieur

Ce sont les mauvaises fréquentations, les mauvais exemples, ce que saint Jean-Paul II appelait les structures de péchés, qui pèsent sur notre conscience et notre manière d’être et d’agir.


  • La concupiscence

Par le péché originel notre nature humaine est blessée, elle a en elle un foyer de concupiscence, cette inclination à faire le mal. Cela signifie que si nous suivons chacune de nos inclinations, nous accomplissons plus facilement le mal que le bien. Le premier combat à mener est donc en nous :

A qui voulez-vous, je vous prie, que le diable présente cette tentation sinon à ceux qui les méprisent. Les pécheurs se tentent eux-mêmes et le démon les tient déjà pour siens. Ils sont ses alliés car ils ne rejettent pas ses suggestions, mais au contraire, ils les recherchent et la tentation habite déjà en eux. Dans le monde, le diable n’a que peu à faire pour tendre ses embuscades. Mais dans les lieux retirés, il pense remporter une grande victoire en faisant tomber les âmes qui choisissent la clôture pour servir plus parfaitement la divine majesté.

Nul n’est exempt de tentations dès lors qu’il est bien résolu à servir Dieu. Ces grandes batailles, ces fortes tentations si puissantes soient-elles, Dieu les réserve aux âmes qu’Il veut élever au plus pur et au plus haut degré de son amour. Et l’âme, bien que juste, se voit maintes fois attaquée par de très fortes tentations et l’amour, tout courageux qu’il est, a fort à faire pour se maintenir maître de la situation.

Les tentations naissent de la concupiscence, c’est-à-dire de la tendance que nous avons tous du péché et de l’activité du démon qui nous suggère des pensées mauvaises et des plaisirs coupables.


  • Le démon

Le grand art du démon est de faire croire qu’il n’existe pas en se faisant oublier. Il est le grand manipulateur qui insuffle les pensées mauvaises, nous faisant croire qu’elles viennent de nous. Certaines tentations sont sournoises car très discrètes, elles commencent par de petites choses imperceptibles pour aller crescendo vers des pensées obsédantes et agressives, vers des désirs plus envahissants.

Les tentations sont comme des oiseaux qui volent dans l’air, elles ne sont nuisibles que si elles se posent sur nous et y font leur nid.


2/ Comment vaincre les tentations

  • Discerner la tentation pour la détester

Tant que vous détesterez la tentation, il n’y aura rien à craindre, dit saint François de Sales à sainte Jeanne de Chantal.

Il est important de discerner les tentations pour ne pas les confondre avec les pensées ou les sentiments qui viennent naturellement à l’esprit. L’enjeu est de détester les tentations, alors qu’elles se présentent sous un visage favorable pour se faire apprécier. Il nous faut lutter contre la tentation dès son origine.


  • Se préparer à la tentation

Dieu veut notre collaboration, mais ensuite c’est lui qui lutte en nous et c’est ainsi que la victoire peut être remportée.

Au commencement, tenez bon et soyez ferme dans votre résolution de bien faire vos exercices de piété. Préparez-vous aux tentations et aux contradictions car l’esprit malin, qui prévoit le bien que votre fidélité vous obtient, fera tout pour l’en empêcher mais Dieu sera votre protecteur.

Le démon est comme le serpent dont il a pris l’aspect, là où il passe la tête, il passe tout le corps. Ne savez-vous pas que le plus souvent les démons ne demandent que peu de choses […] pour commencer ils demandent peu, avec le temps, ils emportent tout.

« Le 26 août 1606, notre père saint François de Sales alla visiter une église. Pris de fatigue en chemin, il s’assit près d’une fontaine pour se reposer. A l’instant où il parlait de Jésus, un essaim d’abeilles l’entoura, se posa sur sa tête, sur ses genoux et sur ses épaules […] seul le calme les chassa et quelques paroles pour leur faire comprendre qu’elles ne sont pas dans le silence de leur gite ordinaire. »

Ne craignez pas les tentations, ne les touchez pas, passez outre et ne vous amusez pas à perdre votre temps.

Cette image signifie que dans les tentations mieux vaut rester dans le calme et ne pas prendre de décisions.


  • Mépriser les tentations

Méprisez autant que vous pourrez les tentations, car le mépris est le remède le plus efficace. Ne répondrez en aucune façon et ne faites pas semblant d’entendre ce que dit l’ennemi. Cependant si l’ennemi tambourine et tempête à votre porte, cela est très bon signe, cela signifie qu’il n’a pas eu ce qu’il voulait. S’il l’avait eu il ne crierait plus mais entrerait et s’installerait.

Si Dieu permet que le malin soit l’artisan de telles tentations, c’est pour que nous les méprisions et pour que nous puissions témoigner de notre affection pour les choses divines.

Ne nous inquiétons pas ni pour nos tentations ni pour nos faiblesses, glorifions-nous plutôt d’être infirmes afin que la vertu divine se manifeste en nous.


  • Prier avec persévérance

La prière est le remède universel contre tous les maux de l’âme. C’est par la prière que nous obtiendrons la force de résister aux tentations.

  • Fuir de manière courageuse

Ne regardez pas le visage de la tentation, regardez plutôt celui de Notre Seigneur.

Certaines tentations accueillies de manière trop frontale mènent à la défaite. Dans ce cas-là, mieux vaut fuir face au malin (en fuyant certaines situations ou personnes) et nous tourner vers le Seigneur, car lorsque l’on cherche à lutter de manière orgueilleuse, le risque de tomber est grand.


  • La mortification

Inclinés naturellement au mal à cause de la concupiscence, il est nécessaire de lutter contre cette inclination et donc de vivre la mortification :

La mortification est le remède le plus sûr pour vaincre nos tentations. En mortifiant nos passions, nous affaiblissons les attaques du démon.

En entrainant son corps à résister à une inclination, on apprend à se maitriser soi-même et à lutter contre nos tendances, même lorsqu’elles sont bonnes, pour pouvoir lutter lorsque le moment sera venu, contre les inclinations mauvaises. C’est une éducation à avoir, y compris en se privant de choses bonnes, afin de donner une force à notre volonté, une force à notre âme.

  • La persévérance

La persévérance est la clé de la victoire contre les tentations. Il ne faut jamais baisser les bras dans la tentation, mais au contraire persévérer dans la lutte jusqu’à sa fin.

Les tentations sont comme des vagues qui se brisent contre un rocher. Plus elles sont fortes, plus elles sont impuissantes contre celui qui résiste avec fermeté.

La vie de l’homme est une bataille continuelle sur la terre et notre ennemi est toujours aux aguets pour nous surprendre. Il se dirige ordinairement vers notre endroit le plus vulnérable et connaît par nos fréquentes chutes, nos penchants et inclinations.


C’est notre péché mignon qui nous fait le plus de mal, celui que nous ne pensons même pas à corriger, parce qu’il nous est agréable et parce que nous croyons que nous ne commettons que des fautes légères.

Le démon n’a pas accès au fond de notre âme, mais il observe et voit nos chutes.


  • La vigilance

La vigilance est nécessaire pour vaincre les tentations. Soyons attentifs à nos paroles, nos pensées et nos actions, pour ne pas laisser le mal entrer en nous. Cette vigilance, c’est la garde du cœur. Les bons conseils, les inclinations de Dieu doivent pouvoir entrer dans notre cœur, mais une garde est nécessaire afin que l’ennemi ne puisse pas se faufiler sournoisement.


  • L’humilité

C’est la vertu qui nous rend invincibles contre les tentations. En reconnaissant notre faiblesse, notre pauvreté, notre dépendance de Dieu, nous nous mettons sous sa protection et sa grâce et cela suffit pour vaincre toutes les tentations. Reconnaître sa faiblesse, c’est se remettre dans les mains du Seigneur.


  • Vaincre par le bien

Un des moyens de lutter contre la tentation est d’accomplir le bien :

Le remède aux tentations sont des actes d’amour accomplis avec ardeur et promptitude, tournant simplement son cœur vers Notre Seigneur avec des paroles pleines de confiance et d’amour ; comme la femme mariée ne recoure à ses affaires qu’à son mari pour lui témoigner de l’amour qu’elle lui porte et non par crainte du déshonneur. Ainsi il en est de même pour l’âme fidèle envers son cher époux.

Ces tentations, si importunes, viennent de la malice du diable, mais la peine et la souffrance que nous en ressentons, viennent de la miséricorde de Dieu. Contrairement à la volonté de son ennemi, Dieu retire de celle-ci la sainte affliction par laquelle il purifie l’or qu’il veut porter dans ses trésors. Vos tentations sont du diable et de l’enfer, mais vos peines et afflictions sont de Dieu et du paradis.


3/ les fruits de la victoire sur la tentation


- La croissance spirituelle

Lorsque nous les vainquons, les tentations nous font faire de grands progrès. La tentation vient muscler notre « être spirituel » car elle vient nous permettre de poser des actes de vertu. Plus nous sommes tentés, plus nous pouvons devenir vertueux, pour autant que la tentation ne se transforme pas en péché évidemment. La tentation nous permet de grandir dans l’amour du Seigneur, d’exercer la vertu, d’être davantage uni à lui.

- La paix intérieure

Les tentations ne peuvent venir troubler la paix de l’âme que si nous les laissons entrer et y consentons.


- L’union à Dieu

Les tentations sont un moyen de nous unir à Dieu, car elles nous rappellent notre dépendance de lui et notre besoin de sa grâce.


- La liberté intérieure

Celui qui triomphe des tentations est libre comme un roi.


- La gratitude envers Dieu

Lorsque nous sommes tentés, remercions Dieu de ce qu’il nous éprouve, car c’est une preuve qu’il nous aime et veut nous voir progresser dans la vertu.


- La compassion envers les autres

Celui qui a vaincu les tentations est plus apte à compatir aux tentations des autres, à les secourir et à les encourager.

 

Extrait de la conférence de don Régis

Le 19 mars 2023


Développer les vertus

Le Concile Vatican II nous a rappelé que la vocation du baptisé est d’être saint, ce qui sera notre état au ciel. Saint François de Sales avait déjà formulé cela en rappelant que la sainteté est accessible à tous. Afin d’acquérir cette sainteté à laquelle nous sommes appelés, nous devons développer des vertus. Pour cela, il nous faut comprendre ce qu’est la grâce que nous avons reçue à notre baptême.

Par nature, nous sommes différents de Dieu et nous ne pouvons pas le rejoindre par nous-mêmes, un cheminement est nécessaire. Nous devons recevoir sa grâce en notre âme.

Voici ce que le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous dit à ce sujet :


La Grâce est un don gratuit que Dieu nous fait de sa vie infusée par l’Esprit saint en notre âme pour la guérir du péché et la sanctifier. C’est une participation à la vie de Dieu qui nous divinise, une nouvelle vie surnaturelle, comme une nouvelle naissance qui nous constitue enfants de Dieu par adoption, grâce à l’Esprit saint qui nous rend conformes au Fils unique.

Cette grâce est dite habituelle. On la reçoit au moment du baptême, ses deux effets principaux sont la justification et la sanctification. En effet, la grâce nous ajuste à Dieu, elle nous rend participants et ressemblants à la vie qui est en Dieu. Elle nous donne de mériter le Salut, que nous ne pouvons pas mériter par nous-mêmes.


1/ Que sont les vertus ?

Il s’agit des actions qui collaborent à la grâce, afin de nous conformer à Jésus et de participer à sa vie divine. Certaines de nos actions répétées peuvent devenir une deuxième nature. En théologie, on appelle cela l’habitus.

Prenons un exemple : avoir une parole charitable en réponse à une parole agressive demande de l’entrainement. Le premier pas sera certes difficile, mais une fois répétée, l’action deviendra habituelle. Progressivement, j’apprendrais à pardonner à ceux qui me font du mal, à être doux et humble, à aimer mes ennemis… Je cherche à agir de la sorte lorsque je suis confronté à cette situation.

Ce processus doit être repris autant de fois que nécessaire, mais il deviendra par la suite un habitus. Certains sont doux de nature, mais d’autres, comme saint François de Sales, peuvent être coléreux. Ils doivent alors se sanctifier en s’appuyant sur la grâce de Dieu.

2/ Les différentes vertus


2.1 Les vertus théologales

Ces vertus viennent directement de Dieu, nul besoin de travailler pour les acquérir, elles sont reçues au baptême. Par elles, Dieu vient éclairer notre intelligence, elles nous sont essentielles.

  • Foi

  • Espérance. Dieu nous donne la capacité à découvrir qu’Il est à nos côtés.

  • Charité. C’est l’amour qui est en Dieu, qu’Il infuse dans notre cœur et qui nous permet d’aimer. Si la charité emplit nos actions, elle les sanctifiera.


2.2 Les vertus morales – les vertus cardinales

Ces vertus sont dites cardinales car toutes les autres vertus vont être liées à celles-ci. Elles sont également unies les unes aux autres.

  • Tempérance

C’est la vertu morale qui modère l’attrait aux plaisirs et procure l’équilibre dans l’usage des biens créés. Elle assure la maitrise de la volonté sur les instincts. La personne tempérée oriente ses appétits sensibles vers le bien et ne se laisse pas entrainer vers les passions.

Ce temps du carême que nous vivons nous aide à développer la vertu de tempérance, en maitrisant les appétits sensibles.


  • Justice

C’est la vertu morale qui consiste à donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû.


  • Force

C’est la vertu morale qui assure dans les difficultés la fermeté et la constance dans la poursuite du bien. Elle affermit la résolution de résister à la tentation, de surmonter les obstacles dans la vie morale. Cette vertu morale permet de vaincre la peur, même de la mort et d’affronter l’épreuve et les persécutions. C’est là même que s’enracine la colère, qui est une passion. La force dispose à aller jusqu’au renoncement, au sacrifice de sa vie pour défendre le juste et le pauvre.


  • Prudence

C’est la vertu qui dispose notre raison à discerner en toute circonstance notre véritable bien et à choisir le juste moyen de l’accomplir. Elle est la règle droite de l’action, selon saint Thomas. Ainsi, il nous faudra prendre le temps et les moyens nécessaires afin de gouverner notre vie avec prudence.


3/ Comment développer ces vertus ?


3.1 Quelques vertus à privilégier

Saint François de Sales nous parle des vertus dans la troisième partie de son livre Introduction à la vie dévote. Il nous dit qu’il n’y a pas de vertu sans charité. Une belle action sans charité peut satisfaire notre orgueil, mais ne va pas nous sanctifier.

Certaines vertus doivent être très présentes même si elles nous semblent moins visibles. Pour expliquer cela, saint François de Sales prend l’image du sel et du sucre : le sucre est souvent plus excellent que le sel, donne plus de goût aux aliments, mais le sel a un usage plus fréquent et plus général. Certaines vertus doivent accompagner tous nos actes afin de leur donner de la saveur.

Saint François nous donne l’exemple de la vertu de la douceur qui est liée à celle de la charité et de la force, la vertu de la tempérance pour réfréner les passions, la vertu de l’humilité, qui consiste à ne pas chercher à être parfait sans Dieu. Ces vertus-là doivent être particulièrement cultivées car elles vont avoir une incidence sur toutes les autres actions que l’on pourra accomplir.


3.2 Trouver la vertu en fonction de son devoir

Parmi l’exercice des vertus nous devons préférer celui qui est plus conforme à notre devoir, plutôt qu’à notre vie.

Les apôtres, par exemple, ont reçu la mission de donner la Parole de Dieu. Pour cela, ils choisissent des personnes qui vont les aider et les soulager par rapport au service de la table. Regardons notre devoir d’état afin de voir quelle vertu nous devons travailler. Certaines professions demandent de mettre en avant l’une ou l’autre. Chacun, selon son état de vie a des vertus à développer, à nous de les repérer, nous dit saint François de Sales.


3.3 Travailler une vertu en particulier

Il faut les plus excellentes et non les plus apparentes.

Il est utile que chacun choisisse un exercice particulier de quelques vertus,

sans pour autant abandonner les autres.


Durant le carême par exemple, il peut être bon de travailler une vertu en particulier qui nous paraît nécessaire dans notre vie morale. Etant liées entre elles, cette vertu travaillée aura une influence sur les autres. Quelqu’un qui n’aurait aucune tempérance et travaillerait cette vertu verra un effet positif sur sa relation à Dieu et aux autres. Il sera fortifié et au final il se laissera moins emporter dans son action.


3.4 Repérer les vices

Quand nous voulons combattre un vice, il faut embrasser la pratique de la vertu contraire à ce vice. Le vice, à l’inverse de la vertu, est la répétition d’un acte mauvais. Il peut devenir une deuxième nature, un mensonge répété fait de la personne un menteur, qui n’est plus digne de confiance, qui n’est plus sous la vérité de Dieu.


Si je suis combattu par l’orgueil ou la colère, Il faut qu’en toute chose, je me penche du côté de l’humilité et de la douceur, et qu’à cela, je fasse servir les autres exercices de l’oraison, des sacrements, de la prudence, de la constance et de la sobriété.


3.5 La patience, fruit de la charité

Saint François nous dit que la patience est fruit de la charité, elle vient nous aider à développer toutes nos vertus.

Nous avons besoin de patience, ce qui nous permet de posséder notre âme. Souvenons-nous que Jésus nous a sauvés en souffrant. De même, nous devons faire notre salut par les souffrances et afflictions, endurant les contradictions et déplaisirs avec le plus de douceur qu’il nous sera possible.

Je souscris au conseil de saint Grégoire, quand vous serez accusé à juste titre de quelques fautes, humiliez-vous et reconnaissez le bien-fondé de l’accusation. Si l’accusation est fausse, justifiez-vous doucement, dites que vous n’êtes pas coupable, en hommage à la vérité en rectification du prochain. Mais si après cela, on continue de vous accuser, ne vous troublez pas, n’essayez pas de convaincre, vous avez rendu hommage à la vérité, rendez maintenant hommage à l’unité. De cette manière, vous ne pécherez ni contre le devoir de défendre sa réputation, ni contre celui de garder l’unité et la paix du cœur.

Plaignez-vous le moins souvent possible sur les tords que vous subissez. Celui qui se plaint pèche parce que l’amour propre nous fait toujours ressentir les injustices plus grandes qu’elles ne le sont. Surtout ne vous plaignez pas auprès des personnes qui sont elles-mêmes portées à s’indigner et à mal penser des autres. S’il faut vous plaindre, soit pour porter remède à la justice, soit pour soulager votre cœur, faites-le auprès de personnes qui aiment Dieu et la paix, car autrement, au lieu de soulager votre cœur, vous l’entraineriez dans un plus grand trouble, au lieu d’enlever l’épine qui vous blesse, vous l’enfonceriez davantage.

3.6 L’humilité

Le Christ et la Vierge Marie ont toujours honoré cette vertu. L’humilité est toujours nécessaire pour nous approcher de Dieu, elle nous permet de recevoir les grâces que Dieu veut nous donner. La vraie humilité ne fait pas semblant de l’être, elle ne cherche pas à être vue.

 

Extrait de la conférence de François, séminariste

Le 12 mars 2023

La prière du coeur


Quelques généralités sur la prière

Jésus est né dans un peuple qui savait prier et les chrétiens ont reçu cet héritage de prière du monde Juif : l’art de s’adresser à Dieu.

Dans les premiers siècles, l’idéal du martyre s’est beaucoup développé, il fallait être martyr pour être saint, jusqu’au moment où les persécutions se sont arrêtées et l’Empire romain s’est christianisé. Vient ensuite l’essor du monachisme avec saint Antoine qui développe un idéal de vie, une sainteté beaucoup plus contemplative et silencieuse.

Au Moyen-Age, la Lectio Divina prend une place majeure : la vie spirituelle se fonde sur cette écoute aimante et priante de la Parole de Dieu.

Saint François de Sales arrive après la Renaissance, il reçoit donc l’héritage du monachisme, mais également celui de l’école du Carmel, avec Sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix qui ont développé toute une doctrine sur l’oraison - cette prière silencieuse et contemplative où l’on vit un cœur à cœur avec le Christ - faite de plusieurs étapes menant à la sainteté.

Cf Les sept demeures dans l’œuvre de sainte Thérèse d’Avila, le Château intérieur.

Après la Réforme et la Contre-Réforme, les séminaires sont remodelés, on insiste beaucoup sur la formation des prêtres et la sainteté des fidèles. La sainteté n’est plus réservée aux seuls religieux, on rappelle qu’elle est accessible à tous.

Saint François de Sales réalise alors que bien peu de chrétiens font oraison, peu ont cette relation vivante et personnelle avec Dieu car peu pratiquent la prière contemplative. De plus, il note une scission entre la foi et les actions des hommes. C’est dans ce contexte que saint François de sales va écrire une méthode intitulée Introduction à la vie dévote, nous expliquant comment prier Dieu.


  1. Définition de l’oraison

L’oraison – comme toute prière – est une conversation intime et familière avec Dieu. Voici les trois composantes essentielles de l’oraison, reprises sous le sigle PIB = Présence de Dieu, Image, Bonne volonté


1.1 La présence de Dieu

Souvent l’homme prête bien peu d’attention à Dieu qui se trouve en son cœur depuis le jour de son baptême. Il nous faut reprendre conscience que Dieu est bien présent en nous à tous moments de la journée, ne jamais s’habituer à ce trésor reçu et toujours s’en émerveiller.

1.2 L’image

La deuxième composante utilisée par saint François de sales est celle de l’image de la Présentation de Jésus au Temple. Marie et Joseph font la rencontre du vieillard Syméon qui prend l’Enfant-Jésus dans ses bras. Saint François de Sales résume l’oraison à cette image : il faut prendre Jésus dans ses bras, être tout près de lui pour l’aimer, tout simplement !

On ne peut jamais réduire l’oraison à un exercice intellectuel, dans le sens où prier ne relève pas uniquement de l’intelligence, c’est avant tout une relation d’amour avec Dieu. Prenons Jésus dans les bras, lui qui s’est donné à nous, pour faire une belle et grande oraison !

1.3 La bonne volonté

Dans la prière, nous devons avant tout ajuster notre volonté à celle de Dieu. Ne suivons pas nos propres désirs, car nous pourrions nous tromper dans ce que nous pensons être notre propre bien. Seul Dieu sait quel est le vrai bien pour nous et Il veut notre bonheur. Dans notre prière de demande, il en va de même, Dieu sait mieux que nous ce dont nous avons besoin, alors mettons-nous à l’écoute de sa Parole.

Dans la prière, il est possible de rencontrer des distractions à cause des soucis du monde, mais également d’éprouver une certaine sécheresse pouvant conduire à l’ennui. Mais si Dieu permet que nous ressentions cela, c’est pour nous purifier, sans doute pour que nous cessions d’être superficiels et trop centrés sur notre ressenti lorsque nous prions.

Il est important de ne pas juger notre prière, c’est là que Dieu veut que nous soyons. Ayons de la patience envers nous-mêmes, la prière est dynamique, nous sommes dans l’attente que Dieu travaille notre cœur, qu’il creuse notre désir de le connaître. Ne nous lassons pas dans cette attente, car Dieu donne toujours, Il ne déçoit jamais notre espérance. Le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes, les événements arriveront au moment où Dieu jugera qu’ils porteront le plus de fruits.

Cf Syméon a dû attendre sa vieillesse avant de rencontrer l’Enfant Jésus.

Soyons patients et doux envers nous-mêmes, il est également nécessaire d’adapter notre temps de prière à notre état de vie.


2. La nécessité de l’oraison pour les chrétiens

Notre prière suppose notre foi et inversement. Il s’agit-là d’un double mouvement de cette relation à Dieu. Par nos actes, nous montrons notre foi.

Dieu n’a pas besoin de nous, il nous créés par pur amour, mais Il nous aime tellement qu’Il est mort sur la Croix pour nous sauver. Nous, par contre, nous avons besoin de Dieu qui vient combler entièrement notre cœur.

cf le saint Curé d’Ars : « la prière est l’oxygène de l’âme ».


Saint François de Sales va prendre l’image de l’eau pour décrire l’oraison :

« L’oraison est une eau de bénédiction qui reverdit notre désir dans le bon axe, lave notre âme et désaltère nos cœurs de toutes nos passions mauvaises. »


3. Petits conseils pratiques pour la prière

3.1 Le moment et le lieu

Saint François de Sales conseille de prier dans le calme du matin. L’expérience montre que si l’oraison n’est pas faite en début de journée, il est plus difficile de la pratiquer le soir. Concernant le lieu, saint François de Sales insiste sur la beauté, que ce soit un paysage, un coin prière ou une église. Le lieu doit être tranquille et beau pour élever l’âme. Saint François de Sales met en garde contre la chambre qui, bien souvent, est un lieu de distraction.


3.2 Les moyens et la manière de prier

Prenons conscience de la présence de Dieu à côté de nous, parlons-lui naturellement, comme à un ami, de nos soucis et de nos questionnements. Pour cela, nous pouvons utiliser des moyens comme la prière du chapelet, mais, petite mise en garde le concernant : il ne doit pas être dit machinalement, mais avec le cœur, afin de nous approprier la prière.

4. Méthode et étapes dans la prière


4.1 La présence de Dieu

Posons un acte de foi, en disant à Dieu que nous l’aimons : « Jésus, je t’aime et je t’adore ». Cette oraison, qui ne dure que 3 secondes, doit infuser tout au long de nos journées, alors faisons-la autant de fois que nous le pouvons. Il est possible de transformer nos journées et même nos vies, en mettant Dieu au centre, en faisant de lui un ami, en faisant tout avec lui.


4.2 Invoquer Dieu

Reconnaître que Jésus est notre Créateur et notre Sauveur, c’est faire un acte de foi. Invitons Dieu, confions-lui notre cœur !

4.3 L’imagination

Imaginons les scènes de l’Evangile : où nous situons-nous ? Sommes-nous prêts de Jésus ? L’imagination est un tremplin, il s’agit d’un outil pour nous aider à prier.

4.4 L’intelligence

L’intelligence donne accès à la méditation. Pensons par exemple aux coups que Jésus a reçus, aux clous enfoncés dans ses mains, à la couronne d’épines qu’Il a portée.

4.5 La volonté

La prière ne doit pas être qu’un acte d’intelligence, elle doit être un acte de volonté. L’amour va devoir s’exprimer par des actions.

4.6 Passer de la prière à l’action

Pensons à Jésus en croix qui nous a pardonnés. Après avoir utilisé notre intelligence et notre volonté, ne pouvons-nous pas prendre la résolution de demander pardon à quelqu’un, de nous tourner davantage vers Dieu, de nous confesser dans la semaine par exemple ?

Cette méthode devient un cercle vertueux qui nous attire à Dieu. Ainsi, l’oraison ne sera pas une parenthèse, mais le moteur de notre journée, le moment où l’on puise toute notre force et notre énergie. Nos petites résolutions, nos petits pas doivent rejaillir sur toute notre vie.

Laissons nous guider avec souplesse par l’Esprit saint, lui qui va guider notre prière et nous faire surmonter les obstacles !


5. Que faire quand on n’y arrive pas ?

La prière est question d’amour plus que d’intelligence. Se savoir pauvres et tout recevoir de Dieu permet de mieux entrer dans la prière.

Nous pouvons également nous servir de l’Evangile, de livres comme Introduction à la vie dévote, ou encore méditer une parole, utiliser le chant…

Ne faisons pas de l’oraison « un effort de l’esprit » , mais recommençons avec « une douce et humble persévérance ».

Notre prière est une réponse à Dieu qui nous appelle. Dieu nous a aimés en premier. Lorsque nous ne parvenons pas à prier comme nous le voudrions, usons d’humour face à notre incompétence et posons un acte de foi en nous rappelant que Dieu est à l’œuvre et n’a pas besoin de nous - si ce n’est de notre bonne volonté - pour creuser notre cœur.


6. Et quand on y arrive ?


6.1 Atteindre le recueillement contemplatif

On peut atteindre ce que saint François de Sales appelle le « recueillement contemplatif , une douce certitude de sa présence ». Parfois on peut être saisi, de manière plus ou moins sensible, par une paix ou une joie qui envahit l’âme, mais qui ne relève pas de notre bon vouloir. Il s’agit-là d’un don de Dieu, d’une confiance filiale qui peut survenir pendant l’adoration. Ce recueillement contemplatif ne doit pas être recherché pour lui-même, mais il ne faut pas le dénigrer lorsqu’il est atteint et remercier Dieu de sa présence.

6.2 L’oraison au-delà de l’oraison

Voici le but de la prière : vouloir ce que Dieu veut, s’abandonner à sa volonté, faire de Dieu le centre de notre vie.

cf sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

Saint François de Sales dira : « Quoi qu’il arrive, je te suis car tu es là ».


Prochaines conférences :

4ème dimanche de carême, le 19 mars : les vertus

5ème dimanche de carême, le 26 mars : les tentations

 

Extrait de la conférence de don Xandro

Le 5 mars 2023,

Avoir un coeur brûlant


Saint François de Sales nous invite à rechercher la volonté de Dieu en toute chose. Issu de son ouvrage Introduction à la Vie dévote, voici un extrait intitulé Protestation authentique, traduit plus tardivement par Déclaration solennelle, se terminant par une prière.

Cette Protestation authentique est le but vers lequel saint François de Sales veut nous amener, c’est-à-dire le désir de nous dévouer entièrement à Dieu. Pour rappel, cette vie de dévotion n’est pas réservée à quelques clercs, elle est à la portée de tous !


En me convertissant au Dieu de bonté et de pitié, je forme la ferme et irrévocable résolution de le servir et de l’aimer maintenant et à jamais. A cette fin, je lui consacre mon esprit et toutes ses facultés, mon âme et toutes ses puissances, mon cœur et toutes ses affections, mon corps et tous ses sens. Je déclare vouloir ne plus jamais user d’une quelconque partie de mon être contre sa divine volonté. A ce Dieu de souveraine majesté, je m’offre en esprit de totale immolation pour lui être à jamais loyal, obéissant et fidèle sans que je ne veuille jamais m’en dédire ou le regretter. Si par malheur, il arrivait que quelques suggestions de l’ennemi ou quelques faiblesses humaines me fassent contrevenir à ces engagements, je prends le ferme propos avec la grâce du Saint-Esprit de m’en relever dès que je m’en apercevrais, me tournant de nouveau sans retard ni délai vers la Miséricorde divine. Telle est ma volonté irrévocable que je confirme être sans réserve en présence de mon Dieu, devant l’Eglise triomphante et l’Eglise militante ma Mère qui reçoit ma déclaration en la personne de son serviteur qui l’écoute.


Prière

Qu’Il vous plaise, ô mon Dieu éternel et tout-puissant et infiniment bon, vous qui êtes Père, Fils et Saint-Esprit, de confirmer en moi cette résolution et d’accepter en offrande d’agréable odeur, le sacrifice total que je vous fais de moi-même. Comme il vous a plu de m’en donner l’inspiration et la volonté, donnez-moi aussi la force de l’accomplir et la grâce de le mener à son terme.

Ö mon Dieu, je confesse que vous êtes mon Dieu, Dieu de mon cœur, Dieu de mon âme, Dieu de mon esprit, je vous adore maintenant et pour l’éternité.

Vive Jésus ! Amen Saint François de Sales


Bibliographie, dont sont issus les extraits :

-Introduction à la vie dévote

-Traité de l’Amour de Dieu

Ouvrages disponibles à la Boutique Notre Dame (12 rue André à Amiens)


1/ Définition de la vie dévote

Saint François de Sales distingue trois catégories de personnes, qu’il compare à des oiseaux :

- Les pécheurs, correspondant aux « autruches qui ne volent jamais »

- Les gens bons, correspondant aux « poules qui volent, mais pesamment, bassement et rarement »

- Les dévots, correspondant aux « aigles, colombes et hirondelles qui volent souvent, vitement et hautement »

➔ L’Introduction à la vie dévote s’adresse à ceux qui veulent devenir des aigles, colombes et hirondelles !


1.1 La qualité de notre Charité : aimer Dieu et notre prochain


Selon les termes utilisés par saint François de Sales, la vie dévote présuppose l’Amour de Dieu qualifié triplement : cet amour opère « soigneusement, promptement et affectionnément ».

1.2 Domaines dans lesquels la Charité peut s’exercer

12.1 Domaine de la justice : les commandements

Afin de progresser dans la vie spirituelle, saint François nous conseille d’observer les commandements, car en désobéissant aux commandements de Dieu, qui s’adressent à tous, l’homme s’oppose à Sa volonté.

12.2 Domaine de l’amour : les conseils et les inspirations

Quittons l’ordre de la justice donné par les commandements, pour rejoindre le domaine de l’amour avec les conseils et les inspirations, domaine dans lequel on ne peut jamais trop donner, car on peut toujours aimer davantage !

Viennent alors les conseils évangéliques ; les plus classiques étant la pauvreté, la chasteté, la continence pour le Royaume des Cieux et l’obéissance. Ces conseils sont objectifs, formulés par Jésus lui-même, ou, à sa suite, par des maîtres spirituels.

Les inspirations ont lieu lorsque l’Esprit saint nous invite à accomplir personnellement une bonne action. Les bonnes œuvres, autant que nous puissions en faire, ne sont pas commandées, mais conseillées ou inspirées.

Ces conseils et inspirations s’adressent à nous personnellement, sous le regard de Dieu, en fonction de notre état de vie, de notre âge et du temps dont nous disposons. Cela signifie que pour certains d’entre nous ce carême sera plus axé sur le jeûne, pour d’autres sur l’aumône ou la prière. La seule règle qui guide ces conseils et inspirations, c’est l’amour.

Dieu ne veut pas que chacun observe tous les conseils, mais seulement ceux qui sont convenables selon la diversité des personnes, des temps, des occasions et des forces, ainsi que la Charité le requière. Les conseils sont tous donnés pour la perfection du peuple chrétien, mais non pas pour celle de chaque chrétien en particulier. Les circonstances les rendent quelquefois impossibles, quelquefois inutiles, quelquefois périlleuses, quelquefois nuisibles à quelques-uns.

Saint François de Sales précise que la vie dévote est « une vie douce, heureuse et aimable ». Sans doute se fie-t-il à sa propre expérience ! Mais si la dévotion n’est qu’extérieure, si elle ne vient pas habiter le cœur de l’homme, il s’agit alors d’une fausse dévotion.


2/ Le but de la dévotion : l’extase

L’extase est le plus haut but de la vie chrétienne, à laquelle mène la vie dévote.

C’est lorsque nous vivons non seulement une vie civile, honnête et chrétienne mais une vie surhumaine, spirituelle, dévote et extatique, c’est-à-dire une vie en dehors et au-dessus de notre condition naturelle. Ne point dérober, ne point mentir, ne point omettre de prier Dieu, ne point jurer en vain, aimer et honorer son père, ne point tuer, c’est vivre selon la raison naturelle de l’homme.

Mais quitter tous nos biens, aimer la pauvreté et aimer et obéir aux Béatitudes du Christ, se contenir dans les termes d’une absolue chasteté, enfin vivre parmi le monde et en cette vie mortelle contre toutes les opinions et maximes du monde et contre le courant du fleuve de cette vie par des ordinaires résignations, renoncements et abnégations de nous-mêmes, ce n’est pas vivre humainement, amis « surhumainement ». Ce n’est pas vivre en nous, mais hors de nous, au-dessus de soi-même[…] Cette sorte de vie doit être un ravissement continuel, une extase perpétuelle d’actions et d’opérations.


3/ Comment parvenir à la vie dévote ?

Nous devons vouloir faire la volonté de Dieu, là où Il nous a placés, selon notre état de vie.


Concernant la croix que nous devons porter, laissons Dieu choisir à travers les accidents et les événements pénibles qui nous arrivent. Nous ne devons pas rêver notre sainteté. Mais lorsqu’un choix s’impose à nous, acceptons-le comme un choix de Dieu bon pour nous.

Les croix les plus profitables et agréables à Dieu sont celles que nous avons par accident ou par la condition de notre vie, parce que nous ne les avons pas choisies et les avons reçues telles que Dieu nous les a envoyées et son choix est toujours meilleur que le nôtre.


Parfois nous avons le choix et c’est l’amour qui donne la perfection à nos œuvres. L’amour doit être le critère de choix. Dieu ne nous fait pas avancer par la force, mais par l’amour. Il nous recommande la douceur et la bienveillance envers nous-mêmes.

Voici la règle générale de notre obéissance :

IL FAUT TOUT FAIRE PAR AMOUR ET RIEN PAR FORCE.

Il faut plus aimer l’obéissance que craindre la désobéissance.


Prochaines conférences :

- 3ème dimanche de carême, le 12 mars

La prière du cœur, l’oraison

- 4ème dimanche de carême, le 19 mars

Les vertus du cœur

- 5ème dimanche de carême, le 26 mars

Astuces dans les tentations

 

Extrait de la conférence de don Xandro

Le 26 février 2023,


Présentation de saint François de Sales et la spiritualité salésienne


Prière : Ô Seigneur, avec Ton aide, je veux m’exercer à la douceur

Ô Seigneur, avec Ton aide, je veux m’exercer à la douceur dans les rencontres et les contrariétés quotidiennes.

Dès que je m’apercevrai que la colère s’allume en moi, je recueillerai mes forces, non avec violence, mais doucement, et je chercherai à rétablir mon cœur dans la Paix.

Sachant que je ne peux rien seul, je prendrai soin de T’appeler au secours, comme le firent les Apôtres ballottés par la mer en furie.

Enseigne-moi à être doux avec tous, même avec ceux qui m’offensent ou me sont opposés, et jusqu’avec moi-même, ne m’accablant pas à cause de mes défauts.

Quand je tomberai, malgré mes efforts, je me reprendrai doucement et dirai : « Allons, mon pauvre cœur, relevons-nous et quittons cette fosse pour toujours. Recourons à la Miséricorde de Dieu, Elle nous viendra en aide.


Saint François de Sales



Saint François de Sales (1567-1622)

Né le 31 août 1567, au château de Sales dans le Duché de Savoie, ce saint meurt à l’âge de 55 ans, le 28 décembre 1622 à Lyon. Issu de famille noble savoyarde, il est l’aîné d’une grande fratrie et fréquente les grands de ce monde (il est ami avec Henri IV, Louis XIII et Richelieu).

Il choisit le chemin de la foi catholique en consacrant sa vie à Dieu et renonce à tous les titres de noblesse. Devenu prêtre, il accéda ensuite au siège d’évêque de Genève dans une région marquée par les conflits entre catholiques et protestants. Il réussit à maintes reprises à convaincre les hommes de son temps par son calme, sa douceur et sa force de persuasion. Il devient l’un des théologiens les plus considérés de son époque. Docteur de l’Eglise et co-fondateur de l’ordre de la Visitation, il est mis à l’honneur par le Pape François qui lui consacre une lettre apostolique à l’occasion du 4ème centenaire de sa mort. Le Pape revient sur les points saillants de sa spiritualité, ancrée dans la charité, en la présentant comme un repère « pour le changement d’époque que nous vivons ».

Homme d’écriture, il laissa une œuvre importante qui témoigne de sa vision de la vie. Son œuvre la plus célèbre Introduction à la vie dévote, remporta un très grand succès dès sa parution, et est considérée aujourd’hui comme une œuvre majeure de la littérature chrétienne.

Extraits de sa correspondance avec sainte Jeanne de Chantal

Pour ma sainteté, je ne fais guère de choses sinon mille continuels désirs et quelques prières particulières […]

Puisqu’en vérité nous désirons devenir des saints, en vérité nous y parviendrons car ce grand ami de notre cœur, qu’est Dieu, ne le remplit de désir que pour le combler d’amour, comme il ne charge les arbres de fleurs que pour les recharger de fruits. Ah, Sauveur de notre âme, quand serons-nous autant ardents à vous aimer que nous le sommes à vous désirer. Il me tarde, ma très chère fille, que ce cœur que Dieu nous a donné soit uniquement et inséparablement donné et lié à son Dieu, par ce saint amour unissant qui est plus fort que la mort et que tout. […]

Il n’y pas point d’âmes au monde comme je pense qui chérissent plus cordialement, plus tendrement, plus amoureusement que moi, car il a plu à Dieu de faire mon cœur ainsi.


Conclusion

Durant ce carême, tentons de devenir des « dévots », selon le langage de saint François de Sales, des chrétiens au cœur brulant pour Dieu et notre prochain. Saint François de Sales nous invite à ne pas nous satisfaire d’une vie chrétienne médiocre. Notons bien que cette exigence de progresser dans l’amour de Dieu qu’il nous indique se fait sans pression de sa part.

Laissons notre cœur exprimer son désir et suivons cet élan ! Vivons la foi comme une affaire de cœur, sans limite ni calcul. La seule chose à apporter pour suivre ce chemin de carême avec saint François de Sales, est le désir d’un plus grand amour de Dieu, ce désir qui nous conduit à trouver dans l’amour confiant d’un Dieu la plénitude de vie.


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