Homélies d'Avril et Mai 2025
- saint Jean-Baptiste
- 1 mai
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 mai
Homélie de Don François,
Dimanche 4 mai 2025, 3e dimanche de Pâques, année C
"M’aimes-tu ?"
« Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime »
Il y a des lieux qui marquent notre vie, des lieux que notre mémoire conserve de manière presque ineffaçable, parce que quelque chose de décisif s’y est déroulé. Pour un couple, ce peut être le lieu de la première rencontre, l’église où l’on s’est marié, il y a 20, 30, ou 40 ans. Chacun de nous garde aussi en mémoire le lieu privilégié de ses souvenirs d’enfance, avec ses couleurs, ses odeurs, son atmosphère.
Pour la plupart des Apôtres, le bord du lac de Tibériade est un de ces endroits très particuliers, bien que familier et ordinaire. Pour Simon-Pierre, c’est ici qu’avait eu lieu l’évènement décisif qui avait changé le cours de sa vie : la première rencontre avec Jésus. C’était trois ans avant son arrestation, sa Passion et sa mort sur la Croix. A cette époque, Jésus commençait son ministère public. Il ne s’était pas encore adressé aux foules, n’avait pas accompli de grand miracle. Mais déjà son regard et sa parole avaient conquis le cœur de Simon-Pierre ; en quelques mots seulement : « Viens, suis-moi ».
La suite, nous la connaissons : Pierre deviendra le premier des Douze. Il sera témoin de tous les grands moments du ministère de Jésus, jusqu’à cette fête de la Pâque, cette dernière montée à Jérusalem où l’histoire humaine de Jésus va brusquement s’arrêter. Depuis cette date, quelque chose s’est cassé dans le cœur de Simon-Pierre. Au-delà de la tristesse de la Croix, il y eut le doute après avoir vu le tombeau vide : Jésus est-il vraiment ressuscité, comme les femmes le prétendent ? Mais, ce qui alourdit le plus le cœur de Simon, ce qui lui a fait perdre sa joie, c’est qu’il est déçu de lui-même. Lui qui devait être le chef, exemplaire et infaillible ; il a renié, par trois fois ; il a oublié que Jésus avait changé sa vie. Il l’a quitté au moment où Jésus avait le plus besoin de lui. Pierre a sans doute du mal à se regarder dans la glace et c’est bien pour cela qu’il a repris son travail, comme avant. Se perdre dans le travail pour chasser ses idées noires, pour oublier.
C’est ce moment que choisit Jésus, ressuscité, pour apparaître, bien vivant, à Simon-Pierre. Jésus, dans son infinie délicatesse, vient le retrouver à l’endroit même de leur première rencontre, pour rallumer la flamme du premier amour. Jésus veut faire revivre cette amitié. Il ne veut pas seulement remettre les compteurs à zéro. Il veut restaurer Pierre, qui ne se croit plus capable d’aimer, tout simplement car il ne s’aime plus lui-même.
Chers frères et sœurs, combien de fois avons-nous été comme Simon-Pierre ? Combien de fois, après avoir péché, avons-nous désespéré de nous-mêmes ? Car il y a plus grave que le péché : c’est le désespoir. Dire : « Dieu ne me pardonnera pas ; ou, s’il me pardonne, moi en tout cas je ne me pardonne pas. Car je me déçois trop, je me dégoûte trop ».
Quand nous croyons que notre cœur est à sec, incapable d’aimer, le Seigneur vient raviver en nous la source de l’amour : « M’aimes-tu ? » Aurons-nous la franchise de répondre, comme Pierre : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime ».
Quel est le lieu de mon premier amour avec le Seigneur ? Où et quand m’a-t-il parlé pour la première fois ? Prenez un instant chers frères et sœurs, et faites mémoire de ce moment où, pour la première fois, vous avez entendu la parole du Christ, où vous avez perçu sa présence. Je vois à vos visages que cela vous donne déjà de la joie !
Et puis, il y a cet évènement qui, pour la plupart d’entre nous est perdu dans notre mémoire, mais qui demeure la source profonde, invisible, comme une rivière souterraine : c’est notre baptême. La source de l’amour ne vient pas de nous, elle vient de Dieu. Si elle venait de nous, notre cœur serait à sec. Parce que cette source vient de Dieu, il nous est toujours possible de dire, comme saint Pierre : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ».
Dites-le frères et sœurs, dites-le dans le secret de votre cœur, et répétez-le chaque fois que vous pourrez : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ».
O bien sûr, notre « je t’aime » n’est pas à la hauteur de celui du Christ envers nous ! Mais un « je t’aime » humble, conscient de sa faiblesse, plaît déjà beaucoup au cœur de Dieu. Attendre d’aimer parfaitement pour dire « je t’aime » à Dieu, ce serait de l’orgueil. N’ayons pas peur de dire « je t’aime » à Dieu, même si notre amour nous semble petit et dérisoire. Certains diront : « mais si le Seigneur sait tout, pourquoi aurais-je besoin de le lui dire ? » C’est vrai, Dieu n’en a pas besoin ; mais nous, nous en avons besoin. Ce n’est pas Dieu qui ne croit pas à l’amour, c’est nous-mêmes. Croire à l’amour, c’est croire que je suis capable d’aimer, et que cela me transforme, non pas d’un seul coup, mais petit à petit, chaque jour. On ne dit pas « je t’aime » à Dieu une fois pour toute ; pas plus qu’on ne le dit une fois pour toute à ceux que l’on aime. On le redit chaque jour, encore et encore, et même plusieurs fois s’il le faut, comme Jésus l’a appris à Saint Pierre au bord du lac : « m’aimes-tu ? » ; « oui, Seigneur, je t’aime ».
Dieu restaure et relève Pierre en l’invitant à lui redire son amour. Mais il ne s’arrête pas là : il le conforte et l’encourage en lui renouvelant sa confiance : « Sois le berger de mes brebis ». Comme à Simon-Pierre, Dieu nous donne sa confiance. A chacun de nous, le Christ a donné des talents, des dons de l’Esprit Saint. A chacun de nous, il confie une responsabilité. Cessons de croire que nous ne sommes pas suffisamment équipés pour mener à bien notre vie ; que nous ne sommes pas la bonne personne, pour notre famille, pour nos enfants ; que nous n’avons pas les ressources ou les talents nécessaires ! Qu’est-ce que Pierre avait de plus que nous pour prendre la suite du Christ ?
Un filet et une barque misérable, la belle affaire !
Avec la pêche miraculeuse, Jésus nous a donné un signe : la fécondité d’une vie vient toujours pour celui qui fait confiance à Dieu. Si nous écoutons la parole du Christ ; si nous avons l’audace de jeter les filets, il accomplira avec nous des miracles. Amen.
Homélie de Don Régis
Le 21 avril 2025, lundi dans l'Octave de Pâques
Que le Seigneur entende nos prières pour le Saint-Père qui nous a quittés ce matin,
durant cette octave de Pâques !
Il n’est pas facile de célébrer la Messe dans une joie de Pâques parfaite avec cette annonce du départ du pape François. Le décès de quelqu’un est toujours éprouvant dans la mesure où on a un lien particulier avec cette personne. Plus cela touche au lien du sang et de la chair, plus c’est un arrachement presque physique. Mais il y a aussi le lien de l’affection, de l’amitié et celui de la foi. Tous nous avons un lien avec le pape, le successeur de Pierre, à travers ce lien de la foi, qui n'empêche pas le lien de l'amitié.
Son choix du prénom François a été audacieux, en lien avec saint François d’Assise. Ce saint a eu un rôle très important au XIIIe siècle pour redresser l’Eglise, à la fois par son amour de la pauvreté, sa volonté de vivre l’Evangile jusqu’au bout, mais aussi par son lien à la nature et son sens de la fraternité.
On voit que le pape François a vécu tous ces aspects-là dans son ministère. On se souvient de son encyclique Laudato Si, qui a tant marqué, bien au-delà de l’Eglise.
N’oublions pas que la foi doit nous conduire à toujours plus de charité, dans le lien avec Dieu et avec ceux qui nous entourent. Nous avons tous été touchés par l’attention qu’avait le pape François pour les plus faibles, en particulier envers les migrants.
Le pape François cherchait à ce que la Parole de Dieu soit reçue et touche notre cœur. Il n’était pas là que pour nous conforter, mais aussi pour nous faire "bouger", car nous avons toujours besoin de nous convertir.
Le pape François est arrivé au terme de son pontificat, mais nous restons dans l’espérance, d’abord pour lui, qu’il puisse rencontrer le Seigneur qu’il a aimé, servi par toute sa vie et jusqu’au bout, mais aussi l’espérance que le Seigneur continuera de conduire son Eglise avec un autre pape.
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