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Homélies de Janvier et Février


Homélie du 18 février 2024

1er dimanche de Carême, année B

Par don Xandro


Ces 40 jours qui s’ouvrent devant nous, ce temps du Carême, que peut-être nous attendions, ou craignions, le voilà arrivé !


Le Carême dure 40 jours parce que le Christ a passé 40 jours au désert au début de son ministère public. Ces 40 jours sont comme un condensé, un microcosme qui représente toute notre vie chrétienne, qui, pour la plupart d’entre nous, s’est déjà ouverte avec le baptême. Comme pour Jésus, une voix venue du Ciel a proclamé : "Tu es mon fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie". Puis l’Evangile nous précise que c’est l’Esprit Saint, que justement nous recevons au baptême, qui pousse Jésus au désert. 


Chers catéchumènes, peut-être vous dites-vous qu’au jour de votre baptême toutes les difficultés, tous les combats de votre vie spirituelle, toutes les tentations cesseront ? Et bien c’est tout le contraire ! L’Evangile nous dit très clairement : la vie chrétienne qui commence par le baptême s’ouvre sur un désert. Elle conduit à l’épreuve ultime du Vendredi Saint, à la Croix, puis à la victoire définitive de la Résurrection. 

Atteindre à travers la porte étroite de la mort la résurrection avec le Christ, voilà notre espérance ! Entre notre baptême et ce but se trouve le désert. La vie sur terre est, pour tout homme, pour toute femme, et particulièrement pour les baptisés, un désert ! Combien de fois nous demandons-nous pourquoi nous sommes dans ce monde si peu réconfortant, si peu adapté à nos désirs, à notre besoin de sécurité, de chaleur ! Dans cette vie, nous sommes exposés au désert. 


Mais voilà la bonne nouvelle : la vie avec ses difficultés, ses tentations, son aridité, sa sécheresse, n’est pas le signe que Dieu nous aurait oublié, où que nous nous serions égarés, mais c’est bien l’Esprit Saint qui nous y a poussé. Nous sommes là par la volonté de Dieu, nous sommes là envoyés, guidés par l’Esprit. Redisons-nous cela régulièrement, et surtout lorsque nous ressentons le découragement : c’est bien là que le Seigneur nous veut !


Dans le désert nous avons les armes de la prière, de l’aumône et du jeûne. D’abord la prière : ceux qui recevront l’Esprit Saint auront en eux "une source d'eau jaillissant pour la Vie éternelle", nous dit saint Jean. Cette source est bien nécessaire dans le désert où il n’y a rien à boire. Ne cherchons pas à assouvir notre soif de vie ailleurs que dans l’Esprit qui jaillit en nous, l’Esprit reçu au baptême ! Le temps du Carême est un temps d’invocation et de prières assidues, sincères, profondes et quotidiennes à l’Esprit Saint. Redécouvrons sa puissance, c’est Lui qui nous conduit au désert, c’est Lui qui nous guidera et veillera à ce que nous ne mourrions pas de soif.


Si l’Esprit Saint est présent au désert, n’oublions pas que Satan y est aussi. Le Christ alla au désert pour être tenté par Satan. La vie sur terre est le lieu où nous sommes tentés et éprouvés, afin que nous puissions nous libérer de tout ce qui n’est pas authentique en nous. Durant ce Carême, affrontons nos démons, déracinons le mal qui est en nous. Soyons concrets, persévérants, sans compromission ! Choisissons un péché à combattre, invoquons l’Esprit Saint, et débarrassons-nous d’une mauvaise habitude, qui nous fait souffrir et fait souffrir les autres. Déracinons le vice en nous !


En plus de l’Esprit Saint et de Satan, dans l’Evangile aujourd’hui, saint Marc nous parle aussi des anges. Il nous dit que les anges servaient Jésus au désert. Cela signifie que nous ne sommes pas seuls dans le combat. Même Jésus a accepté l’aide des anges. Ces anges ce sont d’abord les personnes qui accompagnent les catéchumènes, notre époux, notre épouse, notre frère, notre sœur, les personnes avec qui nous partageons notre foi. Nous avons besoin de cette aide des anges. Comment l’obtenir ? « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges » (He 13,2). C’est donc avant tout la deuxième arme, l’aumône, l’accueil et le souci du pauvre, qui nous permet d’obtenir l’aide des anges. Allons vers les pauvres, ceux qui ne nous attirent pas, qui nous rebutent parce qu’ils ne sont pas intéressants pour nous. Il s'agit peut-être de l’ange dont nous avons absolument besoin pour vivre ce Carême, pour affronter nos démons, pour vaincre notre péché !


Saint Marc nous dit enfin que Jésus vivait parmi les bêtes sauvages. Danger ou harmonie retrouvée de la Création ? Ces créatures peuvent être hostiles, mais également parfaitement paisibles. Dans la Tradition chrétienne, ces bêtes sauvages sont assimilées à notre part animale, notre corps. Et par moment, en effet, notre corps se comporte comme une bête sauvage, il nous entraine dans des passions incontrôlables, une impulsivité souvent destructrice. Ce sont ces instincts qui nous traversent, qui parfois nous effraient et nous semblent étrangers à qui nous sommes, ou en tout cas, à ce que nous voulons. Le Carême est le moment pour faire la paix, pour retrouver l’harmonie entre l'âme et le corps, et c’est la 3e œuvre de Carême : le jeûne. Le jeûne est là pour que nous puissions intégrer la part animale en nous, pour retrouver l’harmonie des origines de la Création, dont la restauration nous est promise pour la fin des temps. Que, par le jeûne, nous puissions parvenir à dompter nos instincts, notre impulsivité, notre désir ! Commençons par le plus basique de tous : la nourriture ! Maitriser ce que nous mangeons, c’est retrouver l’harmonie avec notre corps qui peut très bien devenir notre allié et participer avec nous à la gloire et à la louange de Dieu. 


Tout cela, nous devons le vivre tout au long de ce Carême pour ensuite, comme Jésus, être envoyés en mission proclamer la Bonne Nouvelle. Nous ne pouvons pas proclamer la Bonne Nouvelle, si nous n'avons pas d'abord affronté nos propres démons, si nous n'avons pas réconcilié toutes les parts de notre être dans cette union que Dieu veut. C’est alors seulement que nous pourrons dire, de manière crédible, que Dieu est fort, que Dieu est puissant !


Confions nos catéchumènes au Seigneur pour qu’Il les conduise jusqu’au baptême, pour qu’Il les conduise jusqu’aux portes du désert !


 

Homélie du 6 février 2024

Fête de saint Paul Miki et ses compagnons

Par don Régis

Et moi, qu’est-ce que je fais pour transmettre la foi ?


Saint Paul Miki et ses compagnons sont morts martyrs en 1597 au Japon dans la ville tristement célèbre de Nagasaki. Des prêtres occidentaux, des jésuites et des franciscains étaient venus annoncer la foi dans ce pays où l’Evangile n’avait jamais été annoncé. Très vite, l’Empereur du Japon vit d’un très mauvais œil l’arrivée du christianisme dans son pays. Laisser entrer cette religion sur le territoire japonais, c’était prendre le risque que la société japonaise se dilue et finisse par disparaitre. Très rapidement les chrétiens furent interdits de toute activité missionnaire et furent persécutés. 


Suite à ces persécutions, toutes les sociétés missionnaires quittèrent le Japon. Durant près de trois siècles, la foi fut transmise dans le pays sans aucun prêtre. Il s’agit de communautés chrétiennes, fortes de se souvenir du catéchisme qu’elles avaient reçu, qui ont baptisé, mais n’ont pas eu d’Eucharistie. La foi fut transmise dans les familles. 

Dans les années 1860-70, de nouveaux missionnaires arrivèrent au Japon. Croyant ne trouver aucun chrétien,  ils découvrirent des communautés où l’on priait le Notre Père, le Je crois en Dieu, où l’on connaissait les Evangiles. 

Il s’agit là d’une invitation à être reconnaissant du courage des martyrs. Nous sommes responsables de la transmission de la foi dans nos familles et avec nos amis. C’est d’abord là que se joue l’Evangélisation. Bien sûr, nous avons besoin de prêtres, nous avons besoin de l’’Eucharistie, mais nous devons tous nous poser la question : 

Et moi, qu’est-ce que je fais pour transmettre la foi ?

Récit du martyre de saint Paul Miki et ses compagnons :

Lorsqu'ils eurent été crucifiés, ils montrèrent tous une constance admirable, à laquelle les encourageaient, chacun de son côté, le Père Pasius et le Père Rodriguez. Le Père commissaire de la Mission demeura toujours immobile, les yeux dirigés vers le ciel. Le Frère Martin, pour rendre grâce à la bonté divine, chantait des psaumes, en y ajoutant le verset : En tes mains, Seigneur ~ Le Père François Blanca également rendait grâce à Dieu à haute voix. Le Frère Gonzalve disait très fort l'oraison dominicale et la salutation angélique.

Paul Miki, notre frère, voyant qu'il se trouvait sur une chaire plus honorable qu'il n'en avait jamais eue, commença par déclarer aux assistants qu'il était Japonais, de la Compagnie de Jésus, qu'il mourait pour avoir annoncé l'Évangile et qu'il rendait grâce à Dieu pour un si éclatant bienfait. Puis il ajouta ces paroles : « Au point où j'en suis parvenu, je pense qu'aucun d'entre vous ne croira que je veuille atténuer la vérité. Je vous déclare donc qu'il n'y a aucune voie de salut sinon celle que suivent les chrétiens. Puisqu'elle m'enseigne à pardonner aux ennemis et à tous ceux qui m'ont fait du mal, je pardonne de grand cœur au roi et à tous les auteurs de ma mort, et je les prie de vouloir bien recevoir le baptême chrétien. »

Puis, tournant les regards vers ses compagnons, il se mit à les encourager dans ce combat suprême. De la joie apparaissait sur le visage de tous, mais spécialement sur le visage de Louis ; lorsqu'un chrétien lui cria qu'il serait bientôt en Paradis, il eut un geste des doigts et de tout le corps qui exprimait une joie profonde et qui tourna vers lui les regards de tous les spectateurs.

Antoine qui était le dernier de la rangée, à côté de Louis, les yeux fixés au ciel, après avoir invoqué les noms de Jésus et de Marie, entonna le psaume : Enfants, louez le Seigneur, qu'il avait appris à Nagasaki, à l'école de catéchèse ; dans cette institution chrétienne, en effet, on donne aux enfants des psaumes à apprendre par cœur en vue de la catéchèse.

D'autres enfin répétaient « Jésus, Marie » avec un visage paisible ; certains exhortaient les assistants à mener une vie digne d'un chrétien ; par ce comportement et d'autres du même genre, ils montraient qu'ils allaient bientôt mourir.

Alors quatre bourreaux tirèrent leurs piques des gaines dont se servent les Japonais. À cette vue horrible, tous les fidèles crièrent : « Jésus, Marie » et le concert de lamentations qui suivit monta jusqu'au ciel. Les bourreaux, en très peu de temps, d'un ou deux coups, achevèrent chacun des martyrs.


 

Homélie du 4 février 2024

5ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année B

Par don Xandro


 Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée, 

il fait des journées de manœuvre. Jb 7, 1


Dans la première lecture, en décrivant la vie comme une corvée, Job se fait le porte-parole de beaucoup d’entre nous. La multiplicité des tâches, un travail à n’en plus finir conduisent l’homme à l’épuisement, un mal aujourd’hui identifié comme le burn-out. 


Et pourtant, Jésus dans l’Evangile ne se ménage pas, mais il ne semble pas s’épuiser pour autant !

Jésus après avoir prêché à la synagogue, « aussitôt » se rend chez Simon-Pierre et guérit sa belle-mère. 

Mc 1, 3233 : « Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. » 

Mc 1, 35 : « Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. » 

Mc 1, 38 : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » 

Alors bien sûr, Jésus est le Fils de Dieu, me direz-vous ! Mais saint Paul fait de même ! Certes, il parle de son travail inlassable au service de l’Evangile comme d’une « nécessité qui s’impose », mais il ne le ressent pas pour autant comme une corvée. Il se fait tout à tous, mais ne s’en plaint pas. 

J’aimerais vous citer un passage de la Deuxième Lettre aux Corinthiens où saint Paul énumère tout ce qu’il a enduré : 


2 Co 11, 2428 : « Cinq fois, j’ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ; trois fois, j’ai subi la bastonnade ; une fois, j’ai été lapidé ; trois fois, j’ai fait naufrage et je suis resté vingt-quatre heures perdu en pleine mer. Souvent à pied sur les routes, avec les dangers des fleuves, les dangers des bandits, les dangers venant de mes frères de race, les dangers venant des païens, les dangers de la ville, les dangers du désert, les dangers de la mer, les dangers des faux frères. J’ai connu la fatigue et la peine, souvent le manque de sommeil la faim et la soif, souvent le manque de nourriture, le froid et le manque de vêtements, sans compter tout le reste : ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les Églises… »


Quel est donc leur secret ? Comment oeuvrent-ils sans se fatiguer ? D’où leur vient cette énergie ? Mais surtout, comment faire nôtre ce secret afin de ne pas nous épuiser dans notre quotidien ? 

Voici trois éléments de réponse que l’on trouve dans ces lectures : 


  • Le pour quoi

Jésus sait pour quoi il se démène ainsi :

Mc 1, 38 : Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » 

De même saint Paul : 1 Co 9, 2223 : « Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. 23 Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour y avoir part, moi aussi. » 

Pour Jésus et pour saint Paul, l’objectif est clairement défini, ils savent pour quoi ils endurent tout cela. 


Viktor Frankl, psychanalyste autrichien, disciple de Sigmund Freud et juif comme lui, fut interné durant le 3e Reich dans un camp de concentration. Après la guerre, il essaya de comprendre pourquoi certains avaient survécu à ce camp de travail, alors que d’autres, pourtant physiquement plus forts, sont morts d’épuisement. Il en conclut que ceux qui avaient survécu avaient un but, un « pour quoi » qui les faisait supporter la situation - une famille à retrouver, une tâche à accomplir. « Avec un pour quoi on peut supporter presque tout, n’importe quel comment  », disait-il. Mêmes les pires conditions deviennent supportables lorsque l’on sait pour quoi on les endure, quand on a un but à atteindre. 


  • La mission reçue 

Toutefois, dans le cas de Jésus et de saint Paul à sa suite, ce but est reçu. 

Ainsi saint Paul nous dit (1 Co 9, 17 ) : « Mais je ne le fais pas de moi-même, c’est une mission qui m’est confiée. » 

Et si Jésus se lève avant l’aube pour prier, c’est justement pour recevoir du Père, dans l’intimité de la prière, sa mission. 

Quand on se donne ses propres objectifs, à la manière d’un projet, on en porte seul la responsabilité, on s’interroge pour savoir si on a bien choisi son objectif, et ainsi on se fatigue ! Alors que recevoir une mission est reposant, sécurisant, d’autant plus si elle est reçue de Dieu, Lui qui nous a créés pour une mission en particulier. Il sait parfaitement ce qu’il fait. Ainsi, nous pouvons lui faire confiance et mener à bien notre mission. Pour cela il est primordial d’agir comme Jésus, d’écouter dans la prière, pour recevoir cette mission, sans quoi nous allons nous épuiser. 


  • La liberté par rapport au résultat

Enfin, la conséquence de cela, est une certaine liberté par rapport au résultat. 

1 Co 9, 22 : « Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. » Saint Paul veut bien sûr sauver tout le monde, mais il sait que cela ne dépend pas uniquement de ses efforts, de ses propres forces, il accepte donc de n’en sauver que quelques-uns. Il ne s’agit pas là d’indifférence de sa part, mais, après avoir agi, il s’en remet à Dieu pour le résultat. 

De même Jésus, qui a pourtant prêché aux foules, n’a pas peur de les voir partir quand ses paroles sont dures et exigeantes. Après le discours du Pain de Vie, Il va jusqu’à demander aux Apôtres : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » (Jn 6, 67). Et au pied de la croix, il n’y aura qu’une poignée de fidèles. Mais Jésus s’en remet entièrement à Dieu. Il a fait ce qu’il avait à faire, Il a accompli la mission reçue et ne s’inquiète pas du résultat. 


Quand nous courrons après les résultats, quand nous chiffrons notre réussite et que nous prenons trop à cœur les échecs, nous nous épuisons, alors qu’il nous faut nous en remettre à Dieu de qui nous avons reçu notre mission. Le résultat, c’est l’affaire de Dieu, de Dieu seul !


 

Homélie du 3 février 2024

Déposition du Chef de saint Jean le Baptiste

Par don Régis


Venez à l’écart dans un endroit désert et reposez-vous un peu


Le désert est un lieu que Dieu affectionne particulièrement puisqu’il nous y invite. Sans doute, recherchons-nous tous à avoir de ces moments où l’on se retrouve à l’écart pour échapper à la vie du monde et à tout ce qui peut nous oppresser. Mais dans ces moments-là, peut-être recherchons nous à combler le temps qui nous est offert. Cela fait partie des mouvements du cœur que nous ne maitrisons pas toujours très bien. 


Le Seigneur nous dit qu’il nous faut trouver des endroits pour reposer notre corps, mais aussi pour apaiser notre esprit qui subit bien souvent la pression extérieure. Le désert est ce lieu où l’on va pouvoir continuer de vivre, mais en ayant un vrai dialogue avec le Seigneur. Ce temps de relecture est apaisant, nous percevons plus aisément l’action de Dieu dans nos vies, en étant attentifs à sa Parole, en nous mettant à son écoute. Ce désert est un lieu propice pour se laisser enseigner par le Seigneur et au final pour trouver la paix, car le repos est en Dieu.


Confions notre vie spirituelle au Seigneur, en demandant à saint Jean le Baptiste, qui a su trouver le Seigneur dans le désert, de nous y aider !

 

Homélie du 21 janvier 2024

3e dimanche du Temps Ordinaire – année B – Parole de Dieu

Par don Xandro


Venez à ma suite. 

Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes.


Nous venons d’entendre la Parole de Dieu, nous l’avons écoutée, je l’espère. Mais la question est de savoir comment nous allons y répondre ! Comment réagir face à l’appel à la conversion de Jonas qui s’adresse aux habitants de Ninive ? Comment entendre cette incitation de saint Paul : que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme, ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui ont de la joie, comme s’ils n’en avaient pas, […] car il passe, ce monde tel que nous le voyons ? Comment entendre l’appel du Christ lancé à Pierre, André, Jacques et Jean à tout laisser pour le suivre ?


Première réponse possible, le froid nous a empêché d’écouter durant la messe. La solution est donc de se concentrer davantage !

Deuxième réponse, nous avons bien écouté, mais nous ne nous sentons pas concernés ! Nos engagements sont ailleurs, famille, travail… Impossible de tout quitter et de suivre Jésus ! Pourtant saint Pierre était marié, et il a quand même tout laissé pour le suivre. Et saint Paul nous dit bien que même mariés et engagés dans le monde, nous devons vivre comme si ce n’était pas le cas…

Troisième possibilité, et c’est la bonne, en ce dimanche de la Parole de Dieu, nous arrêtons de diluer cette Parole, de la neutraliser par des excuses et nous la prenons au sérieux ! Cela suppose de prendre le temps de l’écouter, d’entrer en dialogue avec Dieu, de lui demander sa volonté, de le mettre à la première place.


Quand est-ce que la Parole de Dieu a pour la dernière fois provoqué un changement radical dans notre vie ? Je ne parle pas d’un « saupoudrage » moral, spirituel, où nous allons nous contenter de mettre un peu plus d’amour dans ce que nous faisons ! Bien sûr qu’il nous faut mettre plus d’amour dans nos actes, mais cela n’est pas suffisant ! Jésus appelle à tout quitter pour le suivre. André et Simon, Jacques et Jean laissent leur filet, laissent leur père. Et nous, quand avons-nous renoncé à quelque chose qui faisait partie de notre vie, afin de suivre Jésus ? Quand avons-nous changé une habitude, un métier, notre cercle d’amis, notre rythme quotidien ou hebdomadaire, parce que la Parole de Dieu nous le demandait ? 


Il ne s’agit pas d’un bon sentiment, d’une vue de l’esprit, mais cela doit se voir ! Concrètement où le Christ apparait-il dans notre emploi du temps ? Pour certains, il s’agira de tout laisser et de le suivre radicalement : vocation religieuse, vocation sacerdotale. Mais pour tous, il s’agit d’avoir cette disponibilité intérieure.


Soyons prêts à entendre Dieu, lorsqu’Il nous appelle, nous qui avons entendu dimanche dernier Samuel dire : Parle Seigneur ton serviteur écoute ! Ultimement, tout revient à ceci : Faisons-nous ce que nous voulons, ce que nous estimons bon, ou bien concevons-nous notre vie comme une réponse à Son appel, à sa Parole ? 


 

Homélie du 14 janvier 2024

2e dimanche du Temps Ordinaire – année B

Par don François


Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi !


Dans quelques instants, comme chaque dimanche, après avoir entendu la Parole de Dieu, nous allons entrer dans le cœur de la Messe : le sacrifice de l’Eucharistie. Dieu se rend présent, le Corps du Christ, offert sur la croix et ressuscité, est désormais vivant pour toujours, caché sous l’apparence d’une hostie de pain. C’est le cœur de notre foi ! Parce que nous croyons à l’efficacité des paroles de Jésus « Ceci est mon corps livré pour vous », nous croyons aussi à la permanence du commandement laissé par Jésus à ses Apôtres « Faites cela en mémoire de moi ».


Quelques minutes auparavant, un geste un peu mystérieux va être réalisé au cours du moment que l’on appelle l’offertoire, c’est le geste de l’encensement. L’encens est ce parfum précieux que l’on réserve     habituellement à Dieu. Après avoir encensé le pain et le vin, qui vont devenir le Corps et le Sang du Christ, le servant d’autel va ensuite encenser le prêtre qui agit au nom du Christ - on dit que le prêtre agit alors comme le Christ-tête. Puis le servant va venir se placer devant l’assemblée, vous allez vous lever, et il va vous encenser, vous, les membres du Corps du Christ, pour que chaque membre de l’assemblée devienne une offrande pour la gloire de Dieu !


Le Corps du Christ va vous être présenté lorsque le prêtre dira : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». L’agneau, c’est l’animal doux et innocent par excellence. La blancheur de sa laine symbolise la pureté, l’absence totale de péché. Et comme les juifs avaient la coutume d’offrir des agneaux en sacrifice, Jean Baptiste présente Jésus comme l’Agneau de Dieu, c’est-à-dire que Jésus est l’offrande, la victime pure et parfaite, offerte pour nous. 


Est-ce que je crois que toute ma personne, mon âme et mon corps, sont signes de Dieu ? Dans notre société, le corps fait l’objet d’une grande adulation, mais aussi parfois d’un très grand mépris. Le corps considéré bien souvent dans son apparence seulement extérieure devient une carte de visite ; ce corps que l’on peut passer des heures à regarder dans la glace, mais aussi ce corps qui nous complexe, que nous n’assumons pas, que nous ne voulons pas voir, ou que nous cachons ; notre propre corps, ou celui des autres ; le corps de ce malade, de cet infirme, de ce vieillard, de cette personne laide, que nous évitons ; le corps objet de désir, de convoitise, de dégoût, de rejet… 


Nous naviguons entre idolâtrie du corps - le corps est tout, il est comme un dieu - et mépris du corps  - le corps est un boulet, une enveloppe qui nous opprime et dont il faut s’affranchir. On en arrive alors à décider de tout, y compris de changer de corps… Rappelons peut-être que Dieu a non seulement créé ce corps - et donc qu’il l’aime - mais aussi qu’il l’a lui-même assumé. C’est le mystère de l’Incarnation fêté à Noël : « et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous »


Comme toute réalité matérielle, notre corps est mortel, fragile, soumis aux effets du temps. Dieu qui est un pur esprit, ne connaît pas le vieillissement, le dépérissement. Et pourtant… Notre corps reçoit sa vie de notre âme. Corps et âme sont indissociablement unis l’un à l’autre. Sans notre corps, notre âme se trouve incapable d’entrer en relation avec les autres. Notre âme a besoin du corps pour entendre, parler, toucher, embrasser. Lorsque notre âme est triste ou malade, c’est tout le corps qui parfois le ressent : regard vide, tensions inexplicables, cœur serré. Et parce qu’il sont inséparablement liés, notre corps et notre âme ont une destinée commune. Après la mort, cette séparation momentanée de l’âme et du corps, notre corps sera appelé à ressusciter. C’est le cœur de notre foi « Je crois à la résurrection de la chair ! » Dieu transformera et renouvellera notre corps !


Contrairement à une idée fausse, mais largement répandu, c’est le christianisme qui a donné au corps ses lettres de noblesse. Là où l’antiquité ne voyait dans le corps qu’un objet, le christianisme a apporté la notion de dignité du corps, inséparablement liée à la dignité de la personne dans son ensemble, corps et âme. Pendant des siècles, le corps était sans valeur, et ce sont les chrétiens qui ont développé massivement les orphelinats et les hôpitaux pour les personnes âgées ou malades, pour les blessés de guerre.


Aujourd’hui, les cathédrales sont toujours debout, mais le christianisme n’est plus notre référence de pensée commune. On peut s’en désoler, mais c’est un fait. Il n’est alors pas illogique de voir resurgir une vision païenne du corps : le « corps objet », ou le « corps déchet ». Les réseaux sociaux glorifient le corps, les lois bioéthiques veulent de plus en plus le réduire à un matériau, à un objet d’expérimentation et de manipulation. 


Ecoutons à nouveau la parole de l’Apôtre : « Ne le savez-vous pas ? Vos corps sont des membres du Christ. Celui qui s’unit au Seigneur ne fait avec lui qu’un seul esprit. Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été rachetés à grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps. »


Chers frères et sœurs, vivre en chrétien ne consiste pas à obéir à une morale extérieure, mais à être de plus en plus habité intérieurement, au point que, comme le dit saint Paul : « ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. » Lorsque l’on se livre à la débauche, qu’on se laisse aller à toutes nos addictions et convoitises, le Christ est loin de nous et n’habite plus ni notre cœur, ni notre corps. Aujourd’hui, la Parole de Dieu nous interpelle : donnez-vous ! Votre vie n’est pas à vous-mêmes ! Offrez-vous en hostie vivante ! Cessez de prendre votre corps pour un objet de jouissance, mais imitez le Christ : donnez-le par amour. Soyez le temple de l’Esprit, ce temple dans lequel Dieu veut habiter, Lui qui a donné sa vie pour pouvoir y demeurer. 

 

Homélie du 7 janvier 2024

Solennité de l’Epiphanie du Seigneur

Par don Régis


Ils ouvrirent leurs coffrets et lui offrirent leurs présents :

de l’or, de l’encens et de la myrrhe.


Alors qu’ils ne connaissaient sans doute pas le vrai Dieu, les mages en provenance de l’Orient, sont venus adorer l’enfant-Dieu. Ils ont été conduits vers Lui d’abord par la contemplation de la nature, œuvre du Créateur. 


Il y a là en germe dans cet évènement quelque chose qui va advenir dans toute l’Histoire, à savoir que tout homme - quels que soient son origine, son pays ou sa croyance - peut accéder à ce Dieu qui veut se faire connaître et qui nous parle par son Fils.


Les mages avaient un cœur qui cherchait et se laissait guider, un cœur prêt à offrir et à s’ouvrir. Ils ont apporté avec eux des présents : de la myrrhe pour l’homme mortel, de l’encens pour le Dieu, de l’or pour le Roi. 


En retour, lorsque l’on s’approche de Dieu avec de bonnes dispositions, lui offrant ce que nous avons, tout ce que nous sommes, Dieu vient toucher notre cœur par sa Parole et le transforme. 


Cheminons vers le Seigneur, pour reconnaitre qu’Il est vraiment présent au milieu de nous, pour l’adorer de tout notre cœur, et nous laisser transformer par Lui. 

 

Homélie du 1er janvier 2024

Solennité de Marie, Mère de Dieu

Par don François


Ne nous éloignons pas de Marie qui nous conduit à Jésus  !


La fête de Marie, Mère de Dieu, déjà présente avant que notre calendrier grégorien soit en place, vient parachever la fête de Noël. Huit jours après sa naissance, Jésus reçoit son nom, qui signifie Dieu sauve. Chez les juifs, le nom est bien plus qu’une simple appellation, il détient tout le contenu de la mission et de la vocation de la personne.


Dieu a voulu que son fils naisse et grandisse dans une famille. Jésus est venu à nous par Marie, et il veut que nous allions à lui par Marie. Ne nous éloignons pas de ce chemin direct, de ce cadeau de Dieu qu’est Marie, sans quoi nous risquerions de nous perdre ! 


Dans les évangiles, on voit que Marie est discrète mais bien présente, particulièrement dans les moments décisifs, depuis l’Annonciation. Jésus n’avait pas prévu de faire son premier miracle à Cana, mais c’est la prière insistante de Marie qui obtient tout, parce qu’elle a tout pouvoir sur le cœur de son fils. Et Jésus en a voulu ainsi, il commence alors sa mission grâce à Marie. 


Marie est présente au calvaire où Jésus nous la donne comme mère. Dépositaire de la mission de Jésus depuis le début, Marie est le rappel de cette alliance entre Dieu et l’homme. Elle a connu Dieu en sa chair, elle est le signe de cette collaboration entre la grâce et la nature. 


Chers frères et sœurs, aujourd’hui nous célébrons Marie comme mère de Dieu, elle qui a donné chair au corps de Jésus, mais qui a également permis à sa divinité de venir jusqu’à nous. Jésus est totalement Dieu, elle n’est donc pas seulement mère de Jésus, mais mère de Dieu. 


En ce début d’année, prenons Marie, mère de notre foi, dans notre prière quotidienne, afin de nous rapprocher de Jésus. Confions lui toutes nos intentions, notre désir d’être toujours plus proche de son fils. Demandons-lui la paix du cœur, et que derrière les difficultés de notre vie se trouve toujours l’espérance de vivre avec le Christ. Amen.

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