Homélie du 28 avril 2024,
5e dimanche de Pâques – année B
Par Don François
« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » (Jn 15, 5)
Depuis l’Antiquité - et déjà en Israël, au temps du Christ - la culture de la vigne est considérée comme particulièrement noble et subtile, car elle résulte d’une alchimie extraordinaire entre l’œuvre de la création voulue par Dieu, et l’œuvre de l’homme.
Bien sûr, il existe dans la nature des vignes vierges, grimpant le long des murs, qui peuvent donner tout au plus quelques grapillons pour la table. Mais la vigne peut être poussée à des sommets d’excellence par l’action de l’homme : sélectionner les cépages ; choisir le coteau où l’on va planter ; tailler les sarments pour permettre à la vigne d’économiser son énergie et traverser le froid de l’hiver… Le vigneron doit veiller à un subtil équilibre car, aussi étonnant que cela puisse paraître, il doit toujours veiller à ce que la vigne souffre un peu. Si elle est trop arrosée, la vigne développe beaucoup de feuilles… mais des feuilles qui vont faire de l’ombre à elle-même, qui vont étouffer les raisins, et même faciliter la prolifération des champignons et des parasites. Au contraire, si la vigne a soif, elle va développer moins de feuilles, mais plus de racines. Elle ira chercher en profondeur, et trouvera par la même occasion de meilleurs nutriments. La vigne donnera sans doute moins de raisins, mais des raisins plus concentrés, non pas gorgés d’eau, mais de sucre, qui donneront un vin bien meilleur !
Ainsi, pour produire un bon raisin, l’homme a d’abord et avant tout besoin de la vigne, il ne peut rien faire sans elle ; mais mystérieusement, la vigne a aussi besoin de l’homme. En ce sens, la vigne est une image très parlante de ce que l’on appelle en théologie, la collaboration de la grâce (l’action de Dieu) et la nature (l’action de l’homme).
Cette collaboration de l’homme à l’œuvre de Dieu est merveilleusement résumée dans une des prières du Missel : « Que ta grâce inspire notre action, Seigneur, et la soutienne jusqu’au bout, pour que toutes nos activités prennent leur source en toi et reçoivent de toi leur achèvement. » Oui, l’action de Dieu précède toutes nos actions, mais elle les accompagne également. Notre vie vient de Dieu, nos bons désirs viennent de Dieu, notre capacité à choisir et à agir vient de Dieu. Hors de lui, nous ne pouvons rien faire. Saint Augustin le dit autrement dans une devise restée célèbre : « Faire comme si tout dépendait de nous, mais croire que tout vient de Dieu ».
Le vigneron n’aura jamais la prétention de croire que le vin vient de lui seul ! Sans la terre, l’eau, le soleil… il ne peut rien ! « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire »
Les viticulteurs sont souvent des gens humbles et modestes. Ils savent que la technique ne remplacera jamais le rythme des saisons et les aléas de la nature. Après le début du printemps, lorsque les nouveaux sarments pointent le bout de leur nez, si le froid revient et avec lui, le gel, alors tout peut être réduit à néant. Le travail d’une année entière se retrouve entièrement perdu. Plus de raisin, plus de vin, et le domaine est en faillite !
Frères et sœurs, prenons garde au gel ; ce refroidissement qui engourdit notre âme lorsqu’elle se cache du soleil de Dieu ! Quand nous nous détournons de la prière, quand nous oublions Dieu et que nos actions ne reçoivent plus de lui leur sève… Ce froid peut devenir mortel car il rend notre vie stérile, sans fécondité surnaturelle.
Ne cherchons pas à multiplier nos branches et nos feuilles ! Par l’activisme, la perte de temps dans les choses futiles, le souci excessif de l’apparence… Tout cela détourne de l’invitation du Seigneur qui est uniquement de porter du fruit.
Dans notre vie spirituelle, soyons tout à la fois méticuleux et patient comme un vigneron. De même que le raisin a besoin de temps pour mûrir et le vin pour vieillir ; de même la sainteté se déploie en nous dans le temps, si nous acceptons de laisser le Seigneur nous émonder. Pour cela, encore faut-il accepter de renoncer à certaines choses. Une sœur carmélite disait un jour à sainte Thérèse de Lisieux : « Ah, j’ai tant de choses à acquérir pour devenir sainte ! » Et Thérèse de lui répondre : « Non ma sœur, il nous faut beaucoup perdre ! » Oui, être émondé, c’est perdre son amour propre pour entrer dans l’amour de Dieu ; perdre son attachement immodéré aux biens matériels pour s’attacher aux biens spirituels ; perdre sa volonté propre pour entrer dans la volonté de Dieu…
Que serais-je sans ce Dieu qui m’a créé et me maintient dans l’être ?
Quel mérite pourrais-je avoir devant lui, s’il n’avait pas d’abord offert sa vie pour moi sur la Croix ?
Toutes nos bonnes actions, tous nos bons fruits, directement ou indirectement, consciemment ou inconsciemment, viennent de Lui ; et Lui seul peut transformer nos pauvres actions pour leur donner une portée surnaturelle. C’est le sens de la prière que le prêtre dit à voix basse au moment de l’offertoire, lorsqu’il présente la coupe : « Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le vin que nous te présentons, fruit de la vigne et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le vin du Royaume éternel. »
Chers frères et sœurs, à ce moment de la Messe, il nous faut offrir au Seigneur ce qui nous émonde ; ce qui nous amoindri ; nos échecs, nos croix, nos frustrations de certains rêves… Si nous les offrons vraiment à Dieu et que cela nous conduit à compter davantage sur lui, alors, n’ayez aucun doute : cela portera du fruit ! Un fruit différent pour chacun de nous : le Merlot n’est pas le Sauvignon, et le Pinot n’est pas le Chardonnay ! La carte de la sainteté est plus variée encore que la carte des vins !
Si nous sommes attachés au Christ, comme les sarments sont attachés à la vigne, et que nous nous laissons travailler par le Père, alors, quoi que nous fassions ; même malade, même en fin de vie ; nous portons du fruit. Car le vin que nous produisons n’est plus le nôtre, c’est celui du Christ, qui coule dans nos veines. « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit. » Amen.
Homélie du Dimanche 14 avril 2024
Par Don Xandro
Aujourd’hui je vous propose de méditer sur la résurrection du Christ à partir de deux points de vue différents. Regardons d’abord du côté du Christ lui-même :
1. Le Christ a souffert, il est mort et ressuscité
« Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »
Dans ce passage, comme dans celui de dimanche dernier, il est frappant de voir comment Jésus et les Evangiles insistent sur les plaies de la Passion qui marquent encore le corps du Christ ressuscité. Tout le mal qu’il a subi, la souffrance qu’il a endurée, ne sont pas effacés, mais transfigurés. Les plaies sont là, mais glorifiées. Toute la vie terrestre de Jésus, y compris sa Passion, est inscrite dans ce corps ressuscité, rien n’est nié ou oublié, mais tout est transformé. Le mal, la souffrance, la douleur, tout cela est intégré.
Beaucoup de personnes craignent aujourd’hui la souffrance liée à la fin de vie, et on le comprend. La perspective de l’EHPAD fait peur. On voudrait y échapper, s’il le faut en mettant un terme à sa vie. Mais la foi chrétienne nous dit que la mort n’est pas une échappatoire, qu’il ne s’agit pas de laisser derrière nous notre corps ou notre psychisme qui nous font souffrir, mais de laisser Dieu les transformer en intégrant et en transformant tout le mal enduré.
Les Grecs anciens disaient qu’il ne faut jamais dire d’un homme qu’il est heureux, avant le jour de sa mort, car il pourrait encore lui arriver un malheur qui détruirait son bonheur. En tant que chrétiens nous disons exactement l’inverse : il ne faut jamais dire d’un homme qu’il est malheureux, car même le plus grand malheur serait transformé par la puissance de la Résurrection. Nous entrerons comme le Christ dans la paix de Dieu, le Shalom, où tout est bon et a sa place ; dans cette paix où nous serons réconciliés avec notre histoire, avec tout le mal que nous avons subi, avec la douleur, la souffrance, les années de vie volées, tout cela sera transformé sans être effacé, intégré sans être nié.
2. Le Christ est mort par la main des pécheurs
En plus de ce mal subi, il y a aussi le mal que nous avons commis, celui dont nous avons honte, le poids de notre faute. Nous ne sommes, hélas, pas seulement des victimes, mais trop souvent aussi des bourreaux, contrairement au Christ qui n’a jamais péché.
C’est là qu’il ne faut pas oublier que le Christ n’est pas seulement mort pour ressusciter, mais qu’il a été mis à mort. La façon dont il est mort est tout aussi importante que le fait qu’il soit mort. C’est ce dont parle saint Pierre dans sa prédication aux habitants de Jérusalem que nous avons entendue en première lecture.
Ac 3, 13‑15 : 13 « Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, alors que vous, vous l’aviez livré, vous l’aviez renié en présence de Pilate qui était décidé à le relâcher. 14 Vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier. 15 Vous avez tué le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins. »
Peut-on imaginer pire péché que celui-là, de renier le Saint et le Juste, de tuer le Prince de la vie !? Et pourtant ce péché, si grave soit-il, n’est pas irréparable, car Dieu l’a ressuscité. Aucun mal n’est irréparable, aucune faute n’est irrattrapable.
Tu as peut-être l’impression d’avoir commis un acte grave, ou alors cela fait des années, voire des décennies, que tu es prisonnier d’un mauvais comportement, tu as fait du tort et cela te pèse, car tu ne peux pas revenir en arrière, ce qui est fait est fait, le mal est là, irrévocable.
Mais le Christ ressuscité te dit : aucun mal n’est irréparable pour Dieu. Tu peux assumer la responsabilité de ton acte, le poids de la faute ne t’écrasera pas, parce qu’il n’est jamais trop tard. Tu peux demander pardon et tu seras pardonné. Le péché n’aura pas le dernier mot.
Dieu dans sa puissance et sa miséricorde, révélées par la mort et la Résurrection du Christ, est vainqueur du mal, non seulement du mal subi, mais aussi du mal commis.
Lc 24, 46‑48 : 46 « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, 47 et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. 48 À vous d’en être les témoins. »
La résurrection du Christ est source d’espérance pour nous qui ployons sous le poids du fardeau de la souffrance et du péché. Je terminerai par la prière d’ouverture de cette Messe :
« Garde à ton peuple sa joie, Seigneur Dieu, car tu renouvelles la jeunesse de son âme ; il se réjouit d’avoir retrouvé la gloire de l’adoption filiale : qu’il attende désormais le jour de la résurrection, dans la ferme espérance du bonheur que tu donnes. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne avec Toi, dans l’unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen. »
Homélie du Lundi 8 avril 2024
Annonciation du Seigneur
Par Don François
Veux-tu faire ma volonté ?
Depuis des siècles, les chrétiens célèbrent cette fête de l’Annonciation du Seigneur, habituellement, le 25 mars. Mais cette année, cette date tombait durant la Semaine sainte. Le calendrier de l’Église nous fait donc revenir en arrière, au moment où tout a commencé. Avant même la mort et la Résurrection de Jésus, il y a eu sa naissance, et avant même sa naissance, il y a eu sa conception. C’est cela que nous fêtons aujourd’hui : le jour où tout a commencé.
A partir de l’Annonciation, le Fils de Dieu va devenir le fils de Marie. Après le péché des origines, Dieu restaure l’humanité de la manière la plus admirable en envoyant son propre Fils. Cet instant de l’Annonciation est extraordinaire, Dieu s’est fait l’un des nôtres pour que nous soyons divinisés par sa présence au milieu de nous, par son enseignement, par ses sacrements. Dieu, que nul œil n’avait vu et que nulle oreille n'avait entendu, se fait homme, dans la personne de Jésus.
Ce jour est si grand que, dans la Tradition de l’Eglise, une dévotion particulière a été inventée, il s’agit de l’Angelus. Trois fois par jour, on prend le temps de se souvenir de ce grand événement, c’est pour cela que l’on entend parfois les cloches des églises sonner à 7h, à midi et à 19h. Quand nous entendons ces cloches, rappelons-nous que Dieu vient nous visiter, l’ange du Seigneur porte une annonce à Marie mais aussi à chacun de nous : Veux-tu faire ma volonté, veux-tu être mon serviteur, ma servante ?
Marie répond à l’ange en donnant son consentement. Marie vient ainsi réparer notre liberté pécheresse - cette liberté mal utilisée par Adam et Eve - en disant : oui, que tout m’advienne par ta parole.
L’initiative de Dieu et ce consentement de Marie permettent l’Incarnation : et le verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Ainsi Dieu s’est uni à l’humanité pour toujours. Cela signifie que Dieu s’intéresse à chacun de nous ; il a un projet pour l’Homme. Il se penche sur nous et fait appel à notre liberté. Voilà le grand message de l’Annonciation !
Même si on peut parfois désespérer de l’humanité, l’homme est capable d’accueillir Dieu dans sa vie. Chers frères et sœurs, prenons exemple sur la Vierge Marie. Prenons conscience que Dieu nous appelle et veut nous inviter à être son serviteur, sa servante : Veux-tu faire ma volonté ? Ayons l’audace de répondre comme Marie : Que ta volonté soit faite.
Homélie du Dimanche 26 mars
6e dimanche de Carême, année B
Par Don François
Nous sommes tous co-auteurs de la Passion du Christ
En ce début de la Semaine Sainte, regardons les disciples. Trois d’entre eux nous sont présentés aujourd’hui : Pierre, Jean, et Judas ; trois regards, trois attitudes différentes sur le Christ.
L’un de vous me livrera.
Cette phrase a certainement dû jeter la confusion parmi les disciples ! Peut-être Jésus veut-il laisser une dernière chance à Judas. En effet, jusqu’au bout, il lui donne cette chance de ne pas le livrer.
Ou alors, Jésus veut-il mettre en garde les disciples, mais aussi chacun de nous ! Jésus ne désigne personne en particulier pour alerter chacun. L’avertissement de Jésus a un aspect collectif, parce que, tous, nous avons quelques attaches avec le mal, tous, nous l’avons abandonné ou renié, nous sommes donc, tous, à un moment ou à un autre, co-auteurs de sa Passion.
Face à cet avertissement, voyons comment réagissent les uns et les autres ?
Pierre ne demande pas directement de quel homme il s’agit. Il va s’adresser à Jean afin que ce soit lui qui pose la question à Jésus. Dans la disposition des convives à table, c’est Jean qui est à côté de Jésus. Il est intéressant de voir que Pierre n’ose pas poser directement la question.
Manque de confiance ?
Acte d’humilité, reconnaissant que Jean est plus proche de Jésus ?
Pierre, en tant que chef des Douze, ne veut pas prendre le risque de diviser la communauté des Apôtres. S’il avait posé la question directement, Jésus aurait pu désigner quelqu’un ouvertement. Il passe alors par ce détour qu’est saint Jean.
Seigneur, qui est-ce ?
C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper dans le plat.
Jean ose poser la question et Jésus lui répond en particulier. Jean obtient alors la certitude que le traite n’est pas lui. Saint Jean ose poser la question car il est plus intime avec Jésus. Etre proche de Jésus, être près de son cœur, est ce qu’il y a de plus fort pour nous rassurer dans les moments de doute, c’est aussi ce qui nous donne la force d’aller jusqu’au bout des épreuves et des tentations.
C’est ce même saint Jean qui restera auprès de la croix, quand tous les autres s’en iront. Saint Jean a forgé cette force par une intimité avec le Christ. Cela lui a permis de tenir jusqu’au pied de la croix et lui a donné cette foi inébranlable.
Concernant Judas, lorsqu’il s’éloigne, cela n’étonne personne, alors que c’est le dernier repas de Jésus, la fête de la Pâque. Depuis longtemps, Judas vivait sa vie à l’écart du groupe.
Cela nous enseigne également sur notre manière d’être ! Sommes-nous réellement présents lors de l’Eucharistie ? On peut être présent physiquement mais absent par le cœur. C’est cette attitude qui a conduit Judas progressivement vers la trahison.
Au moment de rentrer dans le Triduum pascal, reconnaissons qu’il y a certainement en chacun de nous un peu de ces trois Apôtres.
Choisissons quel disciple nous voulons être avec cette certitude que si nous sommes proches du cœur de Jésus, en particulier dans ces jours saints, rien ne pourra nous atteindre et nous pourrons aller avec Lui jusqu’à la Croix. Amen.
Homélie du samedi 23 mars
5e semaine de Carême, Rites ultimes des catéchumènes
Par Don Xandro
Prions pour les catéchumènes de notre paroisse,
qui approchent du jour de leur Baptême !
Au seuil de la Semaine Sainte, nous n’entendons pas Jésus parler dans cet Evangile, mais nombreux sont ceux qui parlent de Lui et contre Lui.
Il vaut mieux qu’un seul homme meurt pour le peuple et que l’ensemble de la nation ne périsse pas, prophétise le grand prêtre. En effet, Jésus meurt pour le peuple, mais également pour assembler les enfants de Dieu dispersés.
C’est à partir de cette mort et de cette résurrection - qui constitue comme un point de ralliement pour les chrétiens du monde entier à travers les siècles - que vous, chers catéchumènes, allez être baptisés. Vous allez être plongés dans la mort du Christ, pour ressusciter avec Lui. C’est autour de Lui que nous nous rassemblons, ainsi nous formons le Corps du Christ.
Vous allez maintenant vivre les derniers rites, les rites ultimes qui sont au nombre de trois.
Dimanche dernier, vous avez reçu le Symbole des Apôtres, le ‘Je crois en Dieu’. C’est à vous maintenant à vous de le proclamer d’ici quelques instants !
Le deuxième rite est le rite de l’ouverture spirituelle de vos sens, le rite de l’Effata. Comme Jésus a ouvert les oreilles des sourds et des muets dans les Evangiles, les prêtres, représentants du Christ, vont tracer un signe de croix sur vos oreilles et sur vos lèvres, pour que vous puissiez écouter le Parole de Dieu et proclamer sa louange.
Le troisième rite est l’onction avec l’huile sainte, l’huile des catéchumènes, qui vous prépare à recevoir le Baptême et vous fortifie pour le combat spirituel. Cette dernière semaine, la Semaine Sainte, sera certainement rude pour vous spirituellement. Les esprits mauvais ne se réjouissent pas car vous allez prochainement être agrégés au Corps du Christ, mais le Seigneur est avec vous pour que vous restiez forts et que vous persévériez dans ce combat !
Homélie du Dimanche 17 mars
5e dimanche de Carême, année B
Par Don Xandro
Qui aime sa vie, la perd ;
qui s’en détache en ce monde, gagne la vie éternelle
De nombreux observateurs constatent un écart croissant entre l’Eglise et la société, voire une opposition entre le christianisme et le monde, entre la logique de Dieu et la logique du monde.
Cela se vérifie dans de nombreux domaines, mais si on va au fond des choses, il y a opposition entre le message de la croix et la préservation de soi, entre le don de la vie et l’instinct de survie.
Jésus nous dit que pour le suivre il faut prendre sa croix, donner sa vie, tout quitter. Il n’est pas rare d’entendre dire que tout cela est profondément irréaliste, déraisonnable, que la réalité du monde n’est pas ainsi faite. Chacun cherche tout simplement à préserver sa propre existence. Dans la vraie vie, la croix, on ne l’embrasse pas, on la fuit ou on la combat. On nous dit que c’est ainsi, que c’est la loi de la nature, la loi du plus fort !
Permettez-moi aujourd’hui de mener une attaque frontale contre cette soi-disant loi de la nature, contre ce principe de la préservation de soi. Car ce principe est tout sauf réaliste et raisonnable, et ce pour deux raisons :
1. Une vision du monde qui n’inclut pas la souffrance, la maladie et la mort est profondément irréaliste.
S’il y a bien une réalité dont nous sommes sûrs, c’est que personne n’échappe à la mort ! Bâtir sa vie sur la fuite ou le combat contre la mort revient à programmer l’échec. On ne peut pas indéfiniment repousser la mort, on peut tout au plus obtenir un sursis.
2. De manière plus grave, une vie fondée sur la préservation de soi conduit à l’isolement, elle nous rend incapable d’aimer, nous enferme dans un égocentrisme monstrueux. Alors qu’on veut préserver sa vie, on se voue à une mort de l’âme, une mort du cœur, une mort intérieure.
Il faut bien se rendre à l’évidence, nous n’avons pas le choix : nous allons tous mourir, préservation de soi ou pas, la question est juste : comment ? Quel genre de vie aurons-nous mené ? Comment intégrons-nous la perspective de notre mort dans notre vie ? Amertume, refus, rébellion, désespoir ? Ou paix, consentement, confiance et espérance ?
Dans l’Evangile aujourd’hui, le Christ nous livre la vraie loi de la nature, l’authentique réalisme, la seule attitude raisonnable à avoir : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul. Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » Voilà la loi qui régit toute la Création et qui est inscrite dans la nature. Cela n’est pas étonnant, car le Dieu rédempteur qui nous parle de la croix n’est autre que le Dieu créateur à l’origine de toute chose. La loi de la croix est la vraie logique du monde, du monde créé par Dieu.
Par son attitude face à la mort, par la libre acceptation de la croix, par l’offrande de sa vie, le Christ démasque le mensonge du diable : « maintenant le prince de ce monde va être jugé ». Oui, « qui aime sa vie, la perd ; qui s’en détache en ce monde, gagne la vie éternelle ». Par sa résurrection le Christ démontre la vérité et la solidité de la vraie loi de la nature, celle du grain de blé qui reste seul s’il cherche à se préserver, mais qui donne beaucoup de fruit s’il consent à donner sa vie.
Tu veux sauver ta vie ? Alors, donne, donne toujours, donne sans compter ! Donne ton temps, ton attention, ton énergie, tes biens, ton argent, ton amour, ta vie, tout ce que tu possèdes ! Donne, et n’écoute pas la voix du menteur des origines qui te dit qu’il faut que tu penses à toi-même. On ne donne jamais trop, tout au plus on donne mal, comme lorsque nous oublions, que nous ne sommes que des pauvres créatures. Bien sûr qu’il faut prendre soin de soi pour être capable de donner demain à nouveau ! Pour donner nous avons besoin de recevoir, et pour cela nous devons puiser nos forces en Dieu, nous ressourcer en Lui. Mais ultimement, notre vie n’est pas là pour être préservée, mais pour être donnée. Notre vie, si nous voulons la sauver, il nous faut la donner, jour après jour à la suite du Christ.
Amen.
Homélie du vendredi 15 mars 2024
4e semaine de Carême
Par don Xandro
Dieu déjoue les forces du mal de l’intérieur
pour en tirer un plus grand bien
Au fur et à mesure que nous nous approchons des jours saints, les récits de l’Evangile sont comme un étau qui se resserre autour du Christ. Sa Passion devient inéluctable, car l’opposition au Christ va grandissante. Mais on peut constater, surtout chez saint Jean, que tant que son heure n’est pas venue, Jésus est inattaquable. Personne ne lui enlève sa vie, c’est Lui qui la donne ! Malgré les machinations de ses ennemis, l’Evangile insiste sur la liberté du Fils de Dieu.
Le livre de la Sagesse nous dit que rien n’échappe à Dieu :
C’est ainsi que raisonnent ces gens-là, mais ils s’égarent ;leur méchanceté les a rendus aveugles.Ils ne connaissent pas les secrets de Dieu,ils n’espèrent pas que la sainteté puisse être récompensée,ils n’estiment pas qu’une âme irréprochable puisse être glorifiée.
Si nous avions à déjouer les machinations et les complots de ceux qui en veulent aux justes, sans doute interviendrons-nous avec force, vigueur et résolution, afin de repousser ces forces du mal. Mais Dieu n’agit pas ainsi, il déjoue les forces du mal de l’intérieur pour en tirer un plus grand bien.
Notre vocation de chrétien n’est pas de déjouer le mal en l’affrontant en face, en partant en guerre, mais en étant ce juste qui, pour une part, se laisse faire, comme le Christ s’est laissé faire ; ce saint qui devient la victime ; cette personne obéissante à la volonté de Dieu en toute chose. C’est ainsi que de l’intérieur le mal perd son aiguillon, comme le dit saint Paul.
Il s’agit-là d’un chemin exigeant que nous propose le Christ, mais en même temps, c’est le seul chemin qui à long terme, peut réellement remporter la victoire sur le mal, car lui seul ne rajoute pas le mal au mal, mais déjoue le piège de l’intérieur. Amen
Homélie du samedi 9 mars 2024
3e semaine de Carême
Par don Xandro
“Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !”
Aujourd’hui, Jésus nous enseigne que la comparaison est un poison pour notre vie spirituelle. L’exemple que prend le Christ nous rejoint peut-être directement, Il nous parle de ce pharisien qui se réjouit de jeûner deux fois par semaine, se comparant et se trouvant plus juste que le publicain.
Nous aussi, soyons vigilants, sans quoi nous risquons de croire que nous faisons partie d’une élite, que nous sommes des élus de Dieu. Cette attitude de comparaison est un poison et annule tous les bienfaits de nos efforts de Carême !
Jésus nous dit de ne pas chercher à nous identifier au pharisien ni au publicain d’ailleurs. S’il ne faut ni regarder les autres, ni se regarder soi-même, tournons notre regard vers Dieu ! Prenons conscience de notre péché, de notre faiblesse, de nos insuffisances et regardons le Seigneur et son Amour infini !
Homélie du 3 mars 2024
3e dimanche de Carême – année B
Par don François
La semaine dernière, j’ai eu la joie de pouvoir prendre quelques jours de vacances en famille, un moment de ressourcement et de retrouvailles, en particulier avec mon petit neveu âgé de quatre ans ; un âge où les enfants peuvent être assez turbulents et où il faut constamment les surveiller.
Après un déjeuner, l’attention des parents et des grands parents s’étant relâchée, l’un à la vaisselle, l’autre à la sieste, l’autre à ses mots-croisés…chacun pensait que l’enfant terrible était sous la surveillance de quelqu’un, jusqu’à ce silence, plus long que d’habitude, un silence inhabituel qui devint bientôt inquiétant… « Mais où est le petit ? Il n’est pas avec toi ? Mais non, je pensais qu’il était avec toi… » Et en quelques minutes : l’angoisse, la panique, comme jamais je ne l’avais vue sur des visages. Nous étions dans une région inconnue, un terrain accidenté…de quoi imaginer le plus terrible des scenarios. Mais après quelques minutes, qui ont paru durer des heures, le visage enfantin réapparaît… Ouf de soulagement ! L’enfant est tout à la fois embrassé, consolé… et grondé pour s’être ainsi éloigné.
Cette petite tranche de vie peut illustrer les lectures de ce dimanche : l’évangile tout d’abord : « L’amour de ta maison fera mon tourment ». Qui ne s’est jamais tourmenté pour quelqu’un, qui ne s’est jamais fait de souci pour un proche ne sait pas ce qu’est l’amour ; le courage d’un père qui ferait tout pour sauver la vie de son fils ; l’inquiétude constante – jour et nuit – d’une mère pour ses enfants… Tout cela est encore en-dessous de l’amour que Dieu a pour chacun de nous.
Cet amour de Dieu pour nous est un amour « jaloux » nous dit la première lecture, c’est-à-dire un amour non pas possessif, mais exclusif : Dieu attend que notre cœur soit entièrement ouvert à Lui, parce qu’Il veut se donner totalement à nous ! Et parce que Dieu nous aime comme ses propres enfants, Il veut aussi ce qu’il y a de meilleur pour nous. J’ai bien dit « ce qu’il y a de meilleur », pas « ce qu’il y a de plus facile » ! Les enfants les mieux éduqués ne sont-ils pas ceux à qui on a su dire « non », « pas maintenant » ? A l’inverse, ceux à qui on a passé tous les caprices se montreront finalement les plus ingrats. Dieu n’achète pas notre amour avec une générosité à bon marché ! Au risque d’être incompris – comme le sont souvent les parents – Dieu se montre exigeant envers nous car Il nous veut vivants, pleinement vivants.
Comme nous l’avons entendu dans la lecture du livre de l’Exode, sur la montagne du Sinaï, Dieu veut nous détourner des impasses et Il indique le chemin vers Lui. Ses commandements ne sont pas là pour nous empêcher de vivre ; ils nous aident à ne pas nous perdre. Mais parce qu’une carte de montagne ne remplacera jamais l’expérience d’un bon guide, Dieu va envoyer son propre Fils pour nous guider.
L’évangile de Jean nous rapporte, qu’à l’approche de la fête juive de la Pâque, Jésus va à son tour faire une ascension, non pas sur le mont Sinaï, mais sur la montagne de Jérusalem. Le but ultime de cette montée de Jésus, c’est l’offrande de lui-même qu’Il fera sur la Croix ; offrande par laquelle tous les sacrifices anciens de brebis, de bœuf ou de colombe seront remplacés par son sacrifice, unique, parfait et définitif, avant de ressusciter et de retourner vers son Père.
Jésus va ainsi sceller l’alliance dans sa propre chair et faire de son corps le véritable Temple. En Jésus - qui est le nouveau Temple - nous pouvons adorer le Père. Et nous-même, en accueillant le Christ dans notre vie, devenons un temple saint pour le Seigneur, à condition que nous ne soyons pas, nous aussi, comme les marchands du Temple, d’abord préoccupés de notre commerce, de nos biens, de comment nous pouvons tirer avantage de telle situation ou de telle personne !
Chers frères et sœurs, et vous chers catéchumènes qui vous approchez joyeusement mais humblement du jour de votre Baptême, vous savez que le temps du Carême est ce temps de purification et de conversion sans lesquelles nous ne pourrons pas réellement goûter la joie pascale. C’est le moment favorable pour imiter le Christ et chasser résolument de nos âmes la convoitise, l’idolâtrie du plaisir et des biens matériels.
L’enjeu n’est pas dans nos privations de dessert, de cigarette ou de chocolat ! Cela n’a pas plus de valeur que n’en avaient les sacrifices de bœufs, de brebis ou de colombes si cela n’est pas accompli avec la seule intention qui compte : refaire de notre âme un temple, un sanctuaire dans lequel Dieu, et Dieu seul, habite.
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