Homélie du dimanche 17 septembre 2023
24ème dimanche du Temps Ordinaire – Année A
Par Don Régis
Je ne te dis pas de pardonner jusqu’à sept fois,
mais jusqu’à 70 fois sept fois
Dans l’Evangile de saint Matthieu, nous suivons Jésus qui forme ses disciples, en chemin vers Jérusalem. Il s’agit des douze Apôtres qui vont suivre le Christ et l’annoncer après sa mort. Une communion fraternelle entre eux, une foi vive est indispensable. Malgré cela, Pierre pense qu’à un moment, il sera sans doute nécessaire de se pardonner, il interroge alors Jésus : combien de fois devons-nous pardonner ? - jusqu’à soixante-dix fois sept fois, répond Jésus, ce qui signifie que l’on doit toujours pardonner.
Dans la parabole que nous entendons aujourd’hui, trois étapes se succèdent : 1/ le roi fait venir un de ses serviteurs pour qu’il puisse rembourser sa dette, 2/ ce même serviteur va rencontrer un de ses compagnons qui a également une dette envers lui et demande à être remboursé, et enfin 3/ on retrouve le serviteur avec le roi.
Ce qui est à noter dans la première rencontre, c’est que la dette du serviteur est colossale, une telle somme est impossible à rembourser ! Le serviteur supplie le roi qui, saisi de compassion, lui remet totalement sa dette. Deuxième étape, le serviteur rencontre à son tour un compagnon qui lui doit une toute petite somme d’argent, mais il exige le remboursement et le fait mettre en prison. Troisième étape, le roi entend parler de cela et rappelle à son serviteur qu’il lui a fait une remise de dette, il ne comprend pas qu’il n’ait pas agi de la même manière envers son compagnon et l’envoie en prison.
Ce roi, Jésus nous dit à la fin qu’il s’agit du Père éternel. En Hébreu, la dette signifie péché. Ce que Jésus nous dit de manière très simple, c’est que nous aurons tous une dette envers Dieu au jour de notre mort, qui est celle du péché. Sans doute, n’avons-nous pas toujours conscience de notre péché et ceux qui nous entourent en sont peut-être plus conscients que nous. Lorsque nous serons face à Dieu, nous verrons en pleine lumière ce qu’a été notre vie : les belles choses dont Dieu se réjouira, mais sans doute aussi tous ces manquements, les parts sombres de notre cœur. Le regard de Dieu est un regard limpide, un regard de vérité et nous aurons besoin de sa miséricorde.
Le Seigneur nous dit bien que si nous avons subi une offense, elle sera toujours moindre que celle que nous avons faite à Dieu. Si nous voulons obtenir le pardon de Dieu, il nous faut d’abord l’accorder à notre prochain, sinon nous prenons un risque : lorsque nous serons devant Dieu, Il n’usera pas de sa miséricorde, car nous n’avons pas usé de miséricorde envers notre prochain. Un risque que nous ne pouvons pas prendre !
C’est ainsi que mon Père du Ciel vous traitera
si vous ne pardonnez pas du fond du cœur.
Nécessité pour notre âme, ce pardon ne doit pas être vain, mais sincère. Vous conviendrez que le pardon est parfois difficile à donner, mais il faut avoir la volonté de pardonner et nous avons besoin de la grâce de Dieu pour cela.
Quelques questions sur le pardon peuvent persister :
Devons-nous pardonner à celui qui ne nous a pas demandé pardon ?
La réponse est OUI. Il faut avoir le cœur disposé à pardonner, même si la personne n’a pas formulé sa demande. Evidemment, le pardon est plus facile à donner lorsqu’il est demandé, mais quoi qu’il en soit, il faut tout disposer dans son cœur pour le donner si la personne le demande.
Donner le pardon, n’est-ce pas faire fi de la justice ?
Face à une offense grave, ce serait une erreur de penser que parce que le pardon a été donné, il ne faudrait pas de justice. La justice, et parfois même la justice civile, est nécessaire afin que la personne ayant subi un mal soit reconnue comme victime. Ignorer le mal subi est une double peine pour elle : tout d’abord le mal reçu, puis l’ignorance de ce mal. La justice permet de reconnaître qu’un mal est un mal, mais cela ne dispense pas de pardonner et de continuer à aimer, même lorsque l’on a subi quelque chose de grave et de mal.
Un mal trop grand empêche-t-il le pardon ?
Il faut parfois du temps pour pardonner, mais ne disons pas que l’on ne pardonnera jamais, sinon cela signifie que l’on refuse toute idée de pardon et, dans ce cas, on ne vit pas de l’Evangile. Mieux vaut dire : « je pardonnerai un jour, mais pour l’instant je n’y arrive pas. » Il s’agit là d’un bon début !
Pardonner, n’est-ce pas oublier ?
L’oubli peut être un raccourci, mais il mène à une impasse. On peut faire semblant d’oublier, mais si on a été offensé, une douleur reste dans le cœur. Voyons le mal en face, il ne s’agit pas d’oublier, mais de poser un acte de pardon sur le mal reçu. On peut garder mémoire de ce mal, mais cela signifie que si on a pardonné, on ne doit pas voir la personne en fonction du mal qu’elle a fait, ni la réduire à cela, mais continuer de l’aimer, en se souvenant qu’elle n’est pas parfaite. On peut ne pas oublier tout en pardonnant de tout son cœur. Afin de le vivre, il nous faut l’aide de Dieu.
En écoutant cette parabole, ayons conscience que pardonner a un coût. En remettant la dette de son serviteur, le roi a perdu beaucoup d’argent. Remettre le péché a un coût. Lorsque l’on regarde le Christ en croix, on voit ce que cela a coûté à Dieu que de remettre tous nos péchés. Ne croyons pas que ce sera facile, mais c’est possible avec la grâce de Dieu et il faut y tendre, parce que notre cœur doit aimer comme Dieu nous aime, c’est-à-dire constamment et tous.
Homélie du vendredi 15 septembre 2023
Fête de Notre-Dame des douleurs
Par don François
Voici la servante du Seigneur !
Au début de l’Evangile selon saint Luc, nous entendons le récit de l’Annonciation souvent repris lors des différentes fêtes mariales et de l’Angélus. L’ange vient lui annoncer que si elle le veut, elle sera la mère du Sauveur. Et Marie répond en se mettant à la disposition de Dieu et de son messager : Voici la servante du Seigneur !
L’Évangile d’aujourd’hui, chez saint Jean, se conclut par un autre voici. Cette fois, c’est Jésus qui s’adresse à sa mère au pied de la croix et qui dit : Voici ton Fils ! Marie avait offert toute sa vie à Dieu ; et en réponse, Jésus sur la croix lui offre de devenir à nouveau mère. Marie devient une mère spirituelle.
Nous-aussi, nous sommes tous invités à avoir une fécondité spirituelle, c’est-à-dire à porter du fruit, à transmettre la vie spirituelle auprès de nos proches. Il ne peut y avoir de maternité, ou de paternité spirituelle s’il n’y a pas une âme de serviteur ou de servante ; et pour cela, il faut passer par la croix. Le risque des parents est de vouloir garder pour soi, c’est le paternalisme. Or, le père, la mère sont ceux qui donnent la vie, non pas pour la retenir, mais pour la transmettre ; pour qu’elle aille porter du fruit dans le monde. Ce dessaisissement, cet abandon coûte parfois et fait souffrir, à cause d’incompréhensions, du manque de courage et de force, de notre propre attachement à ceux que nous aimons, qui n’est pas toujours ajusté.
La mission que nous avons reçue nous dépasse, elle ne nous appartient pas. Si nous nous attachons à elle, elle ne portera pas de fruit. Alors que si on s’en dessaisit, on laisse le Seigneur agir. C’est Lui qui donne la fécondité, c’est Lui qui donne à sa mère la Vierge Marie d’être mère de l’Église.
En ce jour de mémoire de la Vierge Marie, demandons au Seigneur de nous associer à cette offrande qu’elle a eue. Au moment de la communion eucharistique, demandons d’avoir les mêmes sentiments que la Vierge Marie, le cœur transpercé par des douleurs que nous portons au Christ en lui disant : Voici le serviteur, la servante du Seigneur ! Nous savons qu’en nous abandonnant comme le Christ, nous recevons de Dieu cette capacité à devenir père et, comme la Vierge Marie, à devenir mère. Amen.
Homélie du dimanche 10 Septembre 2023,
Par don Xandro
« S’il t’écoute, tu as gagné ton frère »
L’Evangile d’aujourd’hui, issu du chapitre 18 de saint Matthieu, est souvent intitulé le « Discours communautaire » où Jésus donne les règles pour la vie de l’Eglise. Le passage que nous avons entendu, Mt 18, 15-20, est considéré comme la première ébauche du droit de l’Eglise, le premier Code de droit canonique. Jésus y règle la procédure à suivre en cas de péché flagrant : tout d’abord aller parler au pécheur seul à seul, puis avec quelques témoins, enfin devant toute l’Eglise, et comme ultime recours l’exclusion, l’excommunication du pécheur impénitent. Pour essayer de comprendre pourquoi Jésus édicte cette règle qui peut aller jusqu’à l’exclusion du pécheur, regardons plus largement ce chapitre :
Mt 18 4 Celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. 5 Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi. 6 Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’il soit englouti en pleine mer. […]12 Quel est votre avis ? Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ? 13 Et, s’il arrive à la retrouver, amen, je vous le dis : il se réjouit pour elle plus que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées. 14 Ainsi, votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu.
Premier principe : le prix infini des plus-petits
Les petits, les faibles dans la foi, ceux qui ont des doutes et des fragilités, qui luttent contre leurs démons, sont précieux au cœur de Jésus et il ne faut surtout pas les détourner du droit chemin. Tolérer un pécheur public dans l’Eglise les laisserait croire qu’il s’agit d’un comportement acceptable et cela pourrait les entrainer dans la chute.
Viennent ensuite ces passages sur le pardon :
Mt 18 : 21 Alors Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » 22 Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois33 […] Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? » 34 Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. 35 C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »
Deuxième principe : le pardon sans limite, comme une exigence absolue
Si on en vient à faire des reproches à un pécheur et même à l’exclure au point de le considérer comme un païen et un publicain, c’est toujours en vue de la réconciliation. Il n’est pas question de fermer la porte définitivement, il nous faut toujours espérer cette réconciliation et être prêts à pardonner.
Ce n’est qu’avec ces deux principes bien posés que l’on peut essayer de comprendre le passage d’aujourd’hui où Jésus nous parle de la manière dont il faut traiter un frère qui agit en contradiction flagrante avec la foi chrétienne : d’une part, on ne peut ignorer les faits, car si dans l’Eglise on tolère des comportements scandaleux, cela pourrait entrainer les plus fragiles dans le péché ; et d’autre part, si après des tentatives d’explications, on intervient, peut-être même de manière drastique, c’est en vue du pardon et de la réconciliation. Par amour du plus-petit qui pourrait être entrainé dans la chute, comme pour celui qui vient de pêcher et que l’on veut sauver, il nous faut intervenir en essayant de le ramener sur le droit chemin, mais si cela ne fonctionne pas, Jésus nous donne comme recours ultime l’exclusion : « considère-le comme un païen et un publicain ».
Ces paroles de Jésus peuvent nous heurter, mais essayons de comprendre. Être considéré comme un païen et un publicain signifie deux choses : on ne fait plus partie de la communauté chrétienne, on est exclu, mais on a droit à toute la sollicitude typique de Jésus et des siens pour les païens et les publicains.
Mt 9, 913 : 10 Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples. 11 Voyant cela, les pharisiens disaient à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » 12 Jésus, qui avait entendu, déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. 13 Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »
Attention néanmoins de ne pas tomber dans l’excès en se disant que ce n’est pas grave d’être considéré comme un païen et un publicain, puisque Jésus les aime tout autant. Ainsi chaque chrétien devrait imiter Jésus en cela comme en toutes choses. Mais lorsque l’on est considéré comme un disciple, une certaine cohérence est indispensable afin de ne pas nuire à la clarté du message du Christ.
En restant dans la métaphore de Jésus du médecin et des malades, on pourrait dire : Jésus, le médecin et ses disciples, son corps médical (l’Eglise étant le Corps du Christ) sont là pour les malades, c’est-à-dire pour les païens, les publicains et les pécheurs. Toutefois, si un médecin, un chirurgien par exemple, se met à boire et à se droguer et se rend incapable d’exercer son métier, reste à lui dire, tout d’abord seul à seul, puis devant d’autres si nécessaire, que cela n’est pas acceptable, enfin, on fait intervenir l’ordre des médecins, et s’il ne change pas de comportement, c’est l’exclusion, à la fois pour le bien des patients, mais aussi pour son propre bien, car désormais il ne peut être traité que comme un malade ayant lui-même besoin de soins.
Le but de cette démarche est toujours de réintégrer la personne, d’accorder le pardon. Mais pour cela, il faut d’abord guérir le malade, et pendant le temps de la guérison, il ne peut plus faire partie du corps médical. Cela signifie-t-il qu’il y a deux poids, deux mesures ? Une mesure pour les disciples et une autre pour les païens et les publicains ? Voici ce que saint Paul nous dit :
1 Co 5, 113 : 1 On entend dire partout qu’il y a chez vous un cas d’inconduite, une inconduite telle qu’on n’en voit même pas chez les païens : il s’agit d’un homme qui vit avec la femme de son père. 2 Et, malgré cela, vous êtes gonflés d’orgueil au lieu d’en pleurer et de chasser de votre communauté celui qui commet cet acte. … 5 il faut livrer cet individu au pouvoir de Satan, pour la perdition de son être de chair ; ainsi, son esprit pourra être sauvé au jour du Seigneur. … 9 Je vous ai écrit dans ma lettre de ne pas fréquenter les débauchés. 10 Cela ne concernait pas de façon générale les débauchés qui sont dans ce monde, ni les profiteurs, les escrocs ou les idolâtres – autrement, vous seriez obligés de sortir du monde ! 11 En réalité, ce que je vous écrivais, c’est de ne pas fréquenter celui qui porte le nom de frère, mais qui est débauché, ou profiteur, idolâtre, ou diffamateur, ivrogne, ou escroc : il ne faut même pas prendre un repas avec un homme comme celui-là. 12 Est-ce à moi de juger ceux du dehors ? Et ceux du dedans, n’est-ce pas à vous de les juger ? 13 Quant à ceux du dehors, c’est Dieu qui les jugera. Ôtez donc du milieu de vous l’homme mauvais.
Rappelons ici, qu’il ne s’agit pas du péché par faiblesse que l’on regrette aussitôt, mais bien du péché que l’on ne reconnait pas, que l’on ne regrette pas, puisqu’on persévère malgré les remontrances répétées des autres disciples. Or, le droit dans l’Eglise, jusqu’à aujourd’hui, est toujours régi par un seul but, écrit au tout dernier paragraphe du code actuellement en vigueur :
« … les dispositions du C. 1747 seront appliquées, en observant l’équité canonique et sans perdre de vue le salut des âmes qui doit toujours être dans l’Église la loi suprême. »
Comprenons bien que pour être fidèle à la mission qu’elle a reçue de Jésus, d’être lumière du monde et sel de la terre, l’Eglise ne peut pas se permettre de tolérer en son sein des comportements qui sont en opposition flagrante avec l’Evangile. Le but n’est pas d’avoir une Eglise de « purs », mais une Eglise de pécheurs repentis, de pécheurs en perpétuelle conversion, qui luttent contre leurs faiblesses, leurs fragilités.
Mt 5, 13 : Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens.
Concrètement, est-ce que cela signifie que quelqu’un qui vit en contradiction flagrante avec l’Evangile n’a pas le droit d’entrer dans une église, de venir à la Messe ? N’a-t-il pas justement d’autant plus besoin de venir pour pouvoir être guéri ? Evidemment, tout le monde est le bienvenu dans l’Eglise, comme l’a rappelé avec force le pape François lors des JMJ. Tous peuvent venir à la messe, mais tous ne peuvent pas (encore) communier au Corps du Christ, tous ne peuvent pas (encore) être agrégés de manière visible et sacramentelle à la communauté des disciples, parce qu’ils n’ont pas encore fait le pas décisif. Mais cela n’enlève rien à l’amour que Dieu, que Jésus, que l’Eglise a pour eux. Amen.
Homélie du samedi 9 septembre 2023
22ème semaine du Temps Ordinaire – année impaire
Par don François
Tu sanctifieras le jour du Seigneur
Pour comprendre l’Evangile de ce jour, il faut se replonger dans le Livre de la Genèse de l’Ancien Testament. Dieu créa le monde en six jours, ce langage symbolique signifie que le Création est organisée, pensée, rythmée. Et voilà qu’au terme de ces six jours, la Création est achevée et Dieu fait entrer l’homme dans son repos. Cela signifie que notre vie ne se limite pas au monde créé, à l’activité matérielle, concrète, mais que notre vocation est aussi surnaturelle.
Le septième jour, le jour du sabbat pour les Juifs, le dimanche pour nous, jour du Seigneur, est inscrit comme un rythme naturel. Il devient le jour de repos hebdomadaire dont notre corps a besoin physiquement, mais aussi spirituellement. Il est voulu par Dieu comme une respiration de l’âme.
Dans le Livre de l’Exode, Moïse reçoit les commandements divins, les trois premiers concernent la relation de l’homme à Dieu. Le 3ème Tu sanctifieras le jour du Seigneur, présenté comme une obligation, est avant tout une nécessité. La sanctification du dimanche permet de vivre dans l’alliance avec Dieu et d’entrer dans son repos. C’est le temps que Dieu a choisi pour honorer nos frères et pour nous reposer.
Le judaïsme a voulu codifier ce qui est autorisé ou non durant le jour du sabbat (repas, secours…). Jésus nous rappelle que ce temps du sabbat est « obligatoire » car il est avant tout « nécessaire ». Il en va de même pour l’école par exemple ! Elle est certes obligatoire, mais avant tout nécessaire pour apprendre, se développer, grandir, se préparer à exercer un métier, apprendre à vivre en société. Ainsi, tous les parents et éducateurs mettent en place des obligations en vue de transmettre des qualités, des vertus nécessaires à la vie.
Aujourd’hui, Jésus réaffirme que le sabbat n’est pas d’abord une obligation, mais une nécessité vitale et Il affirme qu’Il est le Maître du sabbat. Ces obligations sont là pour nous amener à entrer dans une relation d’alliance avec Dieu. La messe est d’abord nécessaire, car si nous ne mangeons pas le pain de l’Eucharistie, notre foi va défaillir ; de même pour la prière quotidienne. La messe, tout comme la prière, nous sont données comme des nécessités pour entrer dans le temps de Dieu.
En priant, en assistant à la messe, je crée un « sabbat » dans ma journée. Durant cette Eucharistie, demandons au Seigneur de retrouver le sens de la gratuité, ce sens de la nécessité vitale de notre union à Lui. Amen
Homélie du 3 septembre 2023
22ème dimanche du Temps Ordinaire – année A
Par Don Régis
Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir
La pensée de l’homme est limitée, son accès à la connaissance est toujours progressif et nécessite beaucoup de temps. Dieu étant plus grand que l’homme, il n’est pas si facile de le connaître.
Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus forme ses disciples à la connaissance de Dieu et de sa volonté. Apprendre à le connaître est une grâce qui permet d’être plus proche de Lui. En prenant la direction de Jérusalem, Jésus fait la première annonce de sa Passion, le Christ va souffrir, Il va être mis à mort et ressusciter. Pierre prend alors Jésus à part et lui dit qu’Il se trompe, mais Jésus a une réaction surprenante : passe derrière-moi Satan !
Ange déchu, qui veut se faire l’égal de Dieu, Satan tente d’abord notre esprit. Il nous fait des suggestions nous poussant à poser des actes qui peuvent être des péchés, au sens où ils ne sont pas en accord avec la volonté de Dieu. Mais notons que Satan peut nous conduire au péché rien que par la pensée : pensées de jalousie, de médisance, d’adultère… Ce sont autant de péchés qui viennent salir notre cœur et noircir notre âme. Notre pensée, lorsqu’elle est sous l’influence de Satan, et que nous l’écoutons, met une distance entre Dieu et nous. Dans l’Evangile, Jésus ne fait que révéler la présence du Mal qui influence la pensée de Pierre. Avec cet exemple, prenons garde à nos propres pensées.
Dieu a rejoint les hommes en envoyant son fils qui a pris notre condition humaine, a connu la faiblesse pour vivre la souffrance et la mort. En tant que disciples, Jésus nous demande de porter notre croix à sa suite. Le Christ nous demande d’emprunter le même chemin que Lui, d’accepter de vivre le don de nous-mêmes.
Satan, quant à lui nous pousse à rechercher un certain confort. Sur terre, Jésus nous demande de nous engager. Il nous faut avoir une vérité dans notre relation à Dieu et avec les autres, ce qui demande une certaine exigence. Vivons réellement la Charité, qui va passer par le don de soi, le renoncement, une mort à soi-même.
Jésus donne vraiment sa vie et c’est le chemin qu’Il nous invite à prendre. Que l’Esprit saint nous aide à discerner sa volonté en toute chose, comme l’a si bien dit saint Paul dans la deuxième lecture, pour faire Sa volonté !
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