Homélies de Novembre et Décembre 2024
- saint Jean-Baptiste
- 18 mai 2024
- 22 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 mai
Homélie de Don Xandro
Dimanche 29 décembre 2024, fête de la Sainte Famille
Cette fête de la Sainte Famille, nous ne la fêtons pas pour quelques-uns, mais bien pour tous !
« Je n’aime pas cette fête de la Sainte Famille », m’a-t-on dit un jour ! Probablement parce que notre expérience de la famille n’est pas toujours à la hauteur de l’image que nous nous faisons de la Sainte Famille.
Il y a un malentendu si nous pensons que la fête de la Sainte Famille est la fête de l’idylle familiale. Dans une famille, comme dans la vie en générale, certains sont marqués par les épreuves, connaissent les difficultés, la maladie, et parfois même la mort, alors que d’autres traversent le cours de leur vie sans grande souffrance.
Certains sont heureux, fiers de leur famille et savourent chaque instant qu’ils vivent comme des moments privilégiés. Pour d’autres le temps partagé en famille est une épreuve, car ils font face à des tensions, des disputes dans une famille éclatée.
Le Sauveur n’est pas venu pour les bien-portants, mais pour les malades et pour les pécheurs. De la même manière cette fête de la Sainte Famille, nous ne la fêtons pas pour quelques-uns, mais bien pour tous ! La fête de la Sainte Famille est aussi pour vous si votre famille ne correspond pas à ce que vous en attendiez. Il en a été ainsi pour la Sainte Famille : pour Jésus, Marie et Joseph, la vie de famille n’était certainement pas comme il l’avait imaginée et rêvée :
Joseph ne rêvait certainement pas d’élever un enfant qui ne serait pas de sa chair et qui plus est un enfant unique. A l’époque, le signe de bénédiction de Dieu, et donc sans doute le rêve de Joseph, c’était d’avoir une famille nombreuse. « Comme une vigne dans ta maison, ainsi sera ta femme entourée de tes nombreux fils », dit le psaume.
Concernant Marie, sans doute n’avait-elle pas imaginé qu’elle verrait mourir sur une croix son fils unique ! Ce n’est en effet pas le rêve d’une jeune mère !
Il est toujours difficile de faire la psychologie de Jésus, car il est un peu différent de nous, mais on peut imaginer qu’il ne voulait pas faire souffrir ses parents et pourtant dans l’Evangile d’aujourd’hui, alors que Joseph et Marie sont inquiets, il est dit : « mon enfant pourquoi nous as-tu fait cela ? » Et ce n’est que le début…
La Sainte famille est la Sainte Famille, non pas parce que tout va bien, mais pour la simple raison que chacun a fait la volonté de Dieu. Ce qui fait que cette famille est ce qu’elle est, c’est que Dieu ya été premier servi et chacun de son côté a fait le choix difficile d’obéir à Dieu en toutes circonstances.
Prenons saint Joseph, lorsque l’ange lui demande de prendre la mère et l’enfant et de fuir en Egypte, il s’exécute sur le champ. Il fait ce choix tout seul, il assume et obéit, sans demander l’avis de personne.
Concernant Marie, lorsque l’ange lui annonce qu’elle sera la mère du Très-haut, elle répond : « Fiat, que ta volonté soit faite ». Elle ne va pas consulter son père ou sa mère pour savoir si elle a le droit, ni son fiancé Joseph, elle obéit à l’instant même, elle assume sa responsabilité et son choix.
C’est ce que fait Jésus au temple à 12 ans . Il a entendu son Père lui dire de rester dans la maison qui est la sienne et d’enseigner. Il n’a pas consulté ses parents, il a fait la volonté de Dieu.
La Sainte Famille est sainte parce que chacun personnellement a décidé de mettre Dieu à la première place. Et cette Sainte Famille, Dieu veut la donner à chacun d’entre nous, quelle que soit notre situation familiale : heureuse ou pas, nombreuse ou pas, séparée par le divorce, par la maladie, par la distance, par la mort, ou au contraire une grande famille nombreuse et heureuse, peu importe !
Bien évidemment, je souhaite à tout le monde d’avoir une famille heureuse et unie, comme je souhaite à tout le monde de vivre de longs jours en bonne santé sur cette terre. Mais ce n’est pas là la promesse de Dieu ! Dieu ne nous a jamais promis que nous vivrons heureux et en bonne santé jusqu’à la fin de nos jours. De la même manière, Dieu n’a pas promis que notre vie de famille serait heureuse et harmonieuse. Par contre, Dieu nous promet une sainte famille.
Mais comment ?
En faisant la volonté de Dieu. En imitant Jésus, Marie et Joseph. Si l’on cherche d’un cœur sincère à obéir à Dieu plus qu’à qui que ce soit, plus qu’à ses parents, son époux, son épouse, on entre dans la Sainte Famille de Dieu. « Celui qui veut être mon disciple et ne me préfère pas à sa mère, son père, sa femme, son frère, sa sœur, et même à sa propre vie, n’est pas digne d’être mon disciple. » Et quand un homme veut suivre le Seigneur et lui dit : « Seigneur, je veux te suivre, laisse-moi seulement enterrer mon père », Jésus répond : « laisse les morts enterrer les morts », et un autre de lui dire : « je veux te suivre, mais laisse-moi seulement faire les adieux à ma maison », il lui dit : « celui qui veut me suivre et regarde en arrière, n’est pas digne de me suivre. »
Bien sûr, il y a quelque chose de radical dans cette exigence de Dieu envers nous. Mais il y a aussi une promesse : « celui qui aura tout quitté pour moi en cette vie aura la vie éternelle. »
Peu importe votre famille biologique, votre situation familiale, conjugale, votre sainte famille est là où d’autres comme vous cherchent d’un cœur sincère à faire la volonté de Dieu. Tant mieux et je le souhaite à chacun d’entre nous si cela implique aussi votre famille de chair et de sang. Si dans notre famille chacun cherche authentiquement la volonté de Dieu, et que nous faisons ensemble partie de cette Sainte Famille de Dieu, c’est très beau et c’est une grâce, comme c’est une grâce de vivre en bonne santé, de pouvoir servir le Seigneur durant de longues années.
Mais même si ce n’est pas le cas, si vous êtes le seul dans votre famille à chercher à faire la volonté de Dieu, ou si vous n’avez pas de famille biologique, vous êtes appelés par Dieu à faire partie de cette sainte famille de ceux qui font la volonté de Dieu et j’espère que cette sainte famille s’incarne, se concrétise un peu dans notre communauté paroissiale, c’est cela que Dieu veut pour nous, c’est cela qui est possible pour chacun de nous !
Homélie de Don Régis
Le 22 décembre 2024, 4e dimanche de l'Avent, année C
"Marie se mit en route et se rendit avec empressement chez sa cousine Elisabeth."
Nous voilà à quelques jours de Noël et nous entendons les récits qui ont préparé cette naissance de Jésus dans l’Evangile de saint Luc, avec l’épisode de l’Annonciation, où Marie se rend toute disponible à Dieu.
L’ange dit à Marie que sa cousine Elisabeth, qui est âgée et stérile, attend un enfant. Ce sera Jean le Baptiste. Il s'agit d'un signe que Dieu donne, car Dieu aime à donner des signes pour nous conforter dans la foi. Ayant eu cette bonne nouvelle, la Vierge Marie se rendit chez Elisabeth. Ce sera l’occasion de lui rendre service, mais aussi d’échanger avec elle sur ce que Dieu a fait dans chacune de leur vie.
Vous savez vous comme moi qu’il n’est pas si facile de parler de notre vie de foi, de ce que nous vivons intérieurement, de notre relation à Dieu. Et lorsque nous voulons le faire, il nous faut choisir les bonnes personnes. Il y en a qui peuvent ne rien comprendre, d’autres qui peuvent se moquer de nous, d’autres enfin qui peuvent vivre quelque chose de semblable et, par un partage d’expérience, on peut ainsi s’éclairer mutuellement et surtout se réjouir ensemble de voir Dieu à l’œuvre.
Dieu a trouvé en Marie un cœur pur qui désirait le Seigneur, un corps offert à travers sa virginité, pour hâter la venue du Seigneur, le temple parfait.
Il est dit que Marie se mit en route "avec empressement", détail qui a son importance à quelques jours de Noël !
L'empressement, c’est lorsque l’on a une ardeur intérieure, un zèle, une hâte que les choses s’accomplissent. Manquer d’empressement peut signifier que l'on ne cherche pas à voir ce qui est important.
Dieu a mis en Marie cet empressement, cette proximité du cœur. A peine l’ange est-il parti qu’elle s’empresse d’aller voir sa cousine.
Et nous, sommes-nous empressés à accueillir Jésus ? Ou restons-nous oppressés intérieurement par tous les préparatifs qui vont se présenter à nous et qui vont peut-être nous empêcher de disposer nos cœurs à bien l’accueillir ?
Car sachons-le bien, plus nous allons nous préparer, plus nous allons manifester notre désir d’accueillir Dieu, et plus notre communion à Dieu sera belle, puissante, plus Il va prendre de place dans notre cœur. Certainement qu’Il nous aidera également à avoir un zèle plus fort pour aller vers les autres, pour les aider, avec moins de résistances intérieures.
Chaque Noël n’est pas un Noël en plus, c’est une occasion à chaque fois de laisser davantage de place au Seigneur.
Alors, essayons, durant ces derniers jours qui nous séparent de Noël, de bien disposer nos cœurs pour lui manifester que nous désirons vraiment qu’Il vienne.
Ce peut être avec la Vierge Marie, en récitant le chapelet, en reprenant les paroles bibliques de l'ange et d'Elisabeth.
Ce peut être par le temps que l’on consacre à Dieu dans l’oraison ou l’adoration. Ce ne sera pas du temps perdu, c’est au contraire pour laisser de côté tout ce qui peut nous oppresser et dire au Seigneur que nous avons hâte qu’Il vienne.
Saint Paul nous dit : "la charité du Christ nous presse",
Si seulement c'était vrai !!!
Homélie de Don François
Le 15 décembre 2024, 3e dimanche de l'Avent,
Dimanche de la Joie, dit de Gaudete
JOIE ce dimanche à Notre-Dame !
« Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie » nous dit Saint Paul aujourd’hui. Mais quelle est donc cette joie ? Je voudrais essayer de la décrire en 4 lettres :
J-O-I-E
Pour commencer : le « J » de « joie », c’est d’abord le « J » de « Jésus ».
La Parole de Dieu nous rappelle aujourd’hui que la joie du chrétien n’est pas une joie psychologique, c’est la joie d’être sauvé par le Christ ! Blaise Pascal disait : « Nul n’est heureux que le vrai chrétien ». Cette joie du Salut est une joie de délivrance, de libération, ainsi que le dit le prophète Sophonie aux habitants de Jérusalem : « Pousse des cris de joie ! éclate en ovation ! de tout ton cœur, bondis de joie ! » Pourquoi ? Car « le Seigneur est en toi » ! Il a « écarté tes ennemis » ; il a « levé les sentences qui pesaient sur toi ». Plusieurs siècles avant le Christ, le prophète Sophonie avait annoncé la venue du Jour du jugement pour le peuple d’Israël qui, menacé dans son existence par les peuples voisins, s’était détourné du Dieu unique pour adopter des dieux païens. Sophonie annonce qu’un jour viendra où non seulement le peuple sera libéré physiquement de la menace extérieure, mais il sera délivré intérieurement de son péché, de son mal qui le ronge.
Notre monde et notre époque sont tristes, je ne vous apprends rien. Vous êtes les premiers à le constater et aussi, à en souffrir. On pourra invoquer les conflits, les crises…
Mais permettez-moi de croire que si le monde désespère, c’est d’abord et surtout car il ne fait pas l’expérience du Salut ! Dieu s’est fait homme, en Jésus-Christ, pour nous sauver du péché et de la fatalité de la mort ; Il est venu nous révéler l’amour du Père, nous inviter au pardon et à la réconciliation. Combien de disputes, de guerres, mais aussi de découragements seraient évités si nous percevions la puissance de cette Bonne Nouvelle, déjà annoncée par les prophètes !
2ème lettre, le « O » comme « Oui » ou comme « Offrande ».
La joie est un « oui » à la vie ; une vie vécue comme une offrande.
Je sais que cette phrase risque de vous choquer, mais « être dans la joie se décide ! » Cela commence par considérer sa vie comme un don de Dieu. Et par la suite, de vouloir la vivre pour Dieu et pour les autres.
Noël approche, mais beaucoup de personnes sont finalement assez tristes et blasées à l’approche de cette grande fête. Souvent, cette souffrance vient de la solitude qui rend ce moment douloureux, surtout si l’on n’a pas – ou plus – la joie d’une famille aimante. Quand ce n’est pas la solitude, c’est une forme d’isolement : on est ensemble, mais sans l’être vraiment. Chacun reste préoccupé de soi-même, de ses cadeaux, mais pas des personnes qui sont autour de lui, ni même de ce petit enfant Jésus. Oh bien sûr, on a mis un joli petit santon au milieu de notre crèche, mais dans notre cœur, Jésus n’est pas vraiment là…
Sans doute aussi avons-nous cru que l’accumulation de cadeaux, de décorations et de nourriture pouvait suffire à notre joie. Mais notre cœur est bien plus grand que cela ! Nous ne sommes pas des oies qu’il faudrait gaver de chocolat pour les rendre heureuses. Je ne crois pas que le gavage n’ait jamais ravi personne, pas même les oies !
Au contraire, saint Jean Baptiste nous invite non seulement à la sobriété et à la conversion, mais aussi au partage :
« Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ». « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir », c’est un des secrets de la joie.
3ème lettre, le « I » comme « intérieure » : la joie est d’abord intérieure.
La joie se gagne ou se perd à l’intérieur de moi-même.
Saint François de Sales disait : « Renouvelez souvent en vous l’esprit de joie et croyez que c’est là le véritable esprit chrétien ». Oui, Dieu veut des serviteurs joyeux, et notre joie est le premier culte que l’on doit à Dieu. Cette joie, s’acquiert, se cultive, se décide. Il faut la demander à Dieu. « En toutes circonstances, priez et suppliez. » Et « la paix de Dieu gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » dit Saint Paul aujourd’hui. Cela rend humble de dire à Dieu : « Donne-moi ta joie ».
Vous le voyez frères et sœurs, nous ne parlons pas de la joie comme du caractère de chacun, de la bonne humeur, plus ou moins naturelle selon notre tempérament. Je ne parle pas non plus de la fatigue, des problèmes de santé physique ou mentale qui peuvent naturellement nous affecter. Je parle d’une orientation profonde de ma vie ; d’un don de Dieu que j’entretiens et que je protège.
Ne voyons pas la joie comme une naïveté ou une faiblesse, tandis que la tristesse, la gravité, serait le signe des gens intelligents. Bien au contraire ! La joie est une vertu des forts ! Ce n’est pas une facilité !
Interrogeons-nous : Qu’est-ce qui me réjouit vraiment ? Comment est-ce que j’entretiens ma joie intérieure ? Ne pourrais-je pas éviter, pour commencer, de laisser paraître à l’extérieur mes peines ? Pour garder la joie, il faut se garder des plaintes, des critiques, des murmures et voir la perte du sourire comme un signal d’alarme ! En effet, si la joie jaillit naturellement du cœur pur, la perte de la joie est bien souvent la première conséquence du péché. La joie, c’est tout simplement être en possession de son âme ; ne pas la laisser gagner par la mélancolie ou le cynisme.
Deuxièmement, pour cultiver la joie, il me faut apprendre à dépendre. Tandis que le plaisir se prend, mais qu’il nous laisse vide et seul ; la joie, elle, se reçoit. La joie rend dépendant de Dieu et des autres : en souriant, je m’expose ; je prends le risque que ce sourire ne me soit pas rendu.
Mystérieusement, c’est en nous rendant vulnérables que la joie nous rend vraiment forts, car nous acceptons de ne plus dépendre de nous seulement, mais de nous appuyer sur Dieu. « La joie du Seigneur est notre rempart ! » dit le prophète Néhémie.
C’est en étant joyeux qu’on repousse facilement la tentation. A l’inverse, la tristesse entretenue nous fatigue, car elle nous maintient dans l’égocentrisme, et nous conduit inévitablement à la chute. « La joie, c’est le secret gigantesque du chrétien » disait Chesterton.
4ème et dernière lettre, le « E » comme « Espérance ».
La joie est liée à la foi dans la vie éternelle. Quand je désespère, quand je suis à bout, quand mon péché me pèse, si je relève la tête ; si je regarde vers le Ciel ; je sais que ma destinée va bien au-delà de ce que je peux percevoir. Dieu voit ma vie en grand, dès maintenant, et pour l’éternité. Si je suis uni à Dieu, si je le lui offre, même ce qui est petit ou raté, devient grand. Dieu rend grand tout ce qu’il reçoit. Avec lui, mes petites joies deviennent de grandes joies. Cette joie me motive, et elle attire les autres. Si ma joie est vraie, elle sera un soutien pour tous, y compris dans les moments difficiles. Dans les enterrements, j’essaie de sourire à la famille et de leur parler de la joie du ciel. Naturellement, on a envie de dire qu’il ne faut pas, que ça ne convient pas… et bien je vous assure : ça leur fait du bien !
Chers frères et sœurs, si nous avons une grâce, un cadeau à demander à Dieu pour Noël, ne serait-ce pas le don de la joie ?
Et pour me préparer à la recevoir, quoi de mieux qu’une belle réconciliation avec un proche ?
Quoi de mieux que le chemin du pardon avec Dieu, dans le sacrement de la confession pour sentir la joie du Salut ?
Car comme le dit l’Évangile : « il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit ».
N'est-ce pas cela, la Bonne Nouvelle ?
Homélie de Don Xandro,
le 1er décembre 2024, 1er dimanche de l'Avent, année C
A vos marques, prêts, partez !
Ça y est, la course vers Noël commence, le compte à rebours du calendrier de l’Avent a débuté... 24 jours pour se préparer à la naissance du Sauveur !
Mais les lectures de ce 1er dimanche de l’Avent ne parlent absolument pas de la Nativité de Jésus-Christ. D’ailleurs, n’est-il pas étrange de dire qu’il faut attendre la naissance de Jésus, alors que cela fait 2024 ans qu’elle a eu lieu ? N’est-il pas un peu tard pour se préparer à cet évènement passé depuis longtemps ?
En effet, les textes du jour nous parlent plutôt de la venue du Christ en gloire à la fin des temps, de cette venue qui – elle – n’a pas encore eu lieu et qu’il s’agit donc bien d’attendre.
Le calendrier liturgique fonctionne comme un outil pédagogique : nous allons fêter Noël, l’anniversaire de Jésus, dans la nuit du 24 décembre, mais il s’agit de s’y préparer comme si c’était la date de sa Parousie, de nous remettre en état d’urgence, d’attente immédiate, comme c’était le cas pour les premiers chrétiens. Au fil des siècles peut-être avons-nous un peu perdu de ce sens réel que, oui, le Seigneur vient, aussi sûr qu’il est venu, aussi sûr que Noël aura lieu dans la nuit du 24 !
Nous avons donc 24 jours pour nous préparer à la rencontre du Seigneur ; la rencontre non pas de l’enfant de Bethléem, mais du Seigneur victorieux qui vient pour juger les vivants et les morts.
Serons-nous prêts ?
A vos marques, prêts, partez !
C’est avec ces trois mots, trois moments, que je voudrais détailler ce que l’Ecriture nous demande aujourd’hui pour nous préparer à la venue du Seigneur.
A vos marques !
« Quand ces évènements commenceront [et ils ont déjà commencé], redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. » … « se tenir debout devant le Fils de l’homme. »
La position de départ pour cette course des courses, c’est la position debout. Suis-je aujourd’hui en état de me redresser pour regarder en face le Seigneur qui vient, de supporter son regard, de le regarder les yeux dans les yeux ? Ma conscience est-elle pure ?
Si ce n’est pas le cas, alors cette première étape, "à vos marques", implique une conversion, et sans doute une confession. Il s’agit de me mettre en position de pouvoir supporter le regard aimant, mais aussi perçant, du Seigneur qui vient pour juger les vivants et les morts.
Alors laissons-le nous purifier ! Ayons recours au sacrement de la réconciliation. Renonçons résolument au péché, surtout aux péchés structurels, ceux qui ne sont pas juste les fautes qui nous arrivent malgré nous, mais ceux auxquels nous avons consenti, auxquels nous avons fait une place dans notre vie, que nous avons institutionnalisés ou du moins, contre lesquels nous ne luttons plus :
- Emploi du temps : si mon agenda ne me permet pas de prier et de prendre du temps pour ma famille, si je le sais et que j’y consens, c’est que je me suis installé dans un péché structurel.
- Relations : si j’entretiens une relation dont je sais pertinemment qu’elle me tire vers le bas, qu’à chaque fois que je vois cette personne cela me conduit à pécher (péché de la chair, péché de la langue etc.)
- Loisirs : si je m’obstine à lire des livres et regarder des séries qui me font du mal, qui pervertissent mon imagination...
Prêts !
« Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie… Restez éveillés et priez en tout temps ! »
Une fois la conscience purifiée, il s’agit de ne pas se laisser distraire, d’être éveillés, prêts, sur nos gardes.
- L’Avent est un temps de recueillement, il nous est donné pour retrouver une attention à Dieu, dans le silence, dans la prière, dans la méditation de la Parole de Dieu. Fuyons le bruit, les soucis de la vie, dont certains sont légitimes, mais dont beaucoup sont parfaitement futiles. Il s’agit d’être spirituellement alertes.
- Lire les 24 chapitres de saint Luc
- Temps de silence quotidien, avec une bougie allumée qui seule éclaire la pièce.
- Un bon livre de spiritualité ou une vie de saint.
- Moins d’écrans, de divertissement pascalien.
- L’Avent est propice à la sobriété, puisque le Seigneur nous appelle à éviter les beuveries et les ivresses ?
Le Seigneur viendra, mais il se peut que nous soyons tellement pris par nos occupations et préoccupations que nous ne nous en rendrons même pas compte. Le Christ nous rappelle souvent cette exigence d’être attentifs aux signes de sa venue. Pour cela, il faut s’exercer à reconnaître sa présence, discrète, humble, pauvre.
Partez !
« Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant… Faites donc de nouveaux progrès ! »
La purification et le recueillement doivent nous conduire à l’action. Il s’agit bien d’une course. Il faut avancer, s’élancer dans la charité. Un amour de plus en plus intense et débordant. Si le Seigneur n’est pas encore venu, c’est pour nous laisser le temps de progresser et c'est maintenant qu'il nous faut agir. Je ne peux me contenter de mes acquis.
Il s'agit de s'interroger : Est-ce que j’aime mon conjoint davantage qu’il y a un an, dix ans ? Est-ce que j’ai pour mes proches et pour les pauvres un amour plus intense, plus débordant, plus effectif qu’auparavant ? Comment puis-je faire de nouveaux progrès au cours de cet Avent ? Quelle personne suis-je appelé à aimer davantage ? Il s'agit d'une charité concrète envers les plus pauvres.
Ce temps de l’Avent est là pour nous demander cet effort, car il n’y a pas de progrès sans effort, parce que l’amour n’est pas le contraire de l’effort, l’amour suppose un effort de l’âme, un effort du cœur.
Alors profitons de ces 24 jours pour nous préparer à la venue du Seigneur. Amen.
Homélie de Don Régis,
Le 24 novembre 2024, solennité du Christ Roi de l'univers
'Laisse-moi régner en ton cœur !'
L’Eglise fête aujourd’hui le Christ Roi de l’univers, dernière fête de cette année liturgique.
A partir de dimanche prochain, nous entrerons dans le temps de l’avent, qui nous préparera à Noël.
Le Christ établit sa royauté par sa Parole de vérité. Il nous demande de l’aimer, d’aimer son Père, d’accueillir l’Esprit saint, de vivre de cet amour.
Même si son amour n'est pas accueilli par les hommes, Jésus nous montre le chemin, Il va aimer jusqu’au bout. Sur la croix, c’est le moment où éclate de manière extraordinaire cette confiance qu’Il a en son Père et cet amour qu’Il a pour nous.
Devant l’incompréhension, la méconnaissance, les moqueries, les rejets, la condamnation, Jésus continue d’aimer et d’avancer. Il instaure son royaume en aimant en premier. Le royaume de Dieu commence pleinement et parfaitement au moment où Jésus donne sa vie sur la croix.
Lorsque l’on regarde le Christ qui meure en croix, on voit qu’il est ce chemin qui nous ouvre le Ciel. Il nous montre qu’au Ciel il sera possible un jour de vivre ce face à face avec Dieu, de vivre cet amour que Dieu a pour nous, d’en être rempli, sans l’ombre du péché.
Le Christ est vraiment venu instaurer ce royaume dans nos cœurs. Quand cet amour est partagé, lorsqu’il est donné, le règne de Dieu grandit sur la terre.
Et si Jésus entrait dans chacun de nos cœurs, y trouvait-il cet amour véritable, lié à la confiance en Dieu ?
Trouvait-il dans notre cœur la charité, cet amour du prochain qui bannit les reproches, les rancunes, les jugements intérieurs, la volonté de faire justice, de se venger, de voir le mal en l’autre ?
C’est à partir de ce moment que l’on pourrait dire que le Christ commence à régner dans chacun de nos cœurs. Alors sans aucun doute, à partir de là, ensemble, nous pourrions commencer à travailler à la venue du règne de Dieu sur cette terre.
ESSAYONS ! C’est un chemin de conversion !
Redisons au Seigneur du plus profond de notre cœur :
Jésus, je le crois, tu es roi.
Viens régner dans mon cœur
et viens régner sur cette terre ! Amen.
Homélie de Don François,
Le 17 novembre 2024, 33e dimanche du Temps Ordinaire, B
Journée Mondiale des Pauvres
"Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas."
Si l'Evangile d'aujourd'hui vous laisse interrogatif, s’il vous dérange ou vous questionne…C’est bon signe ! Car la Parole de Dieu aujourd’hui aborde une question qui ne peut laisser indifférent aucun d’entre vous : Si je vous dis aujourd’hui que vous vivez votre dernier dimanche ici-bas, votre dernier jour, votre dernière messe … Quelle sera votre réaction ? Suis-je prêt ? Ma vie est-elle en ordre, au point que je sois prêt à partir, immédiatement ? Que nous assisterons de notre vivant à la fin du monde, nul ne peut le prédire. En revanche, que notre vie prenne fin un jour ou l’autre, nul ne peut y échapper.
Quoi qu’il en soit, la perspective de la fin de notre vie, ou plus probablement, de la fin du monde, n’est généralement pas de nature à nous rassurer, mais bien plutôt à nous inquiéter. Si vous avez connu l’approche de l’an 2000, vous vous souvenez sans doute de certaines prédictions apocalyptiques. La question de la fin du monde ne concerne pas seulement quelques illuminés, puisqu’elle est aussi l’objet d’un débat scientifique, avec notamment plusieurs théories comme celle de la « mort thermique de l’univers ».
Alors, pour nous donner quelques certitudes et apaiser nos angoisses, Jésus n’aurait-il pas mieux fait de nous dire plus directement le jour et l’heure précise de la fin des temps.
Si vous êtes amateurs de films d’action, vous savez que les comptes-à-rebours ne sont pas de nature à rassurer, mais bien plutôt à déclencher la peur, pour ne pas dire l’hystérie collective. Jésus donc, s’il avait vraiment voulu nous faire peur, s’y serait pris autrement.
Car ce que ces paroles veulent provoquer en nous, c’est la vigilance et la conversion, qui sont bien différentes de la peur.
Je voudrais l’évoquer avec vous en trois points !
Premier point, tout d’abord, Jésus rappelle que Dieu est le créateur, et que les véritables puissances ne sont pas celles que l’on croit.
Au temps du Christ, de nombreux peuples païens, à commencer par les Romains, les Grecs, ou les Egyptiens, voyaient dans le soleil, la lune ou les étoiles, des divinités qui dirigeaient le destin des hommes. En disant que « les puissances célestes sont ébranlées », le Christ précise qu’elles ne sont que des créatures et que Lui seul, avec le Père et l’Esprit Saint, est le vrai Dieu, créateur et maître de toute chose. De nombreuses œuvres d’art l’exprime en représentant le christ (ou Dieu le Père) tenant dans sa main le globe terrestre. Oui, le monde est dans sa main, car c’est Lui qui l’a créé et rien n’échappe à son pouvoir. Aucun homme, aussi puissant soit-il, aucune institution humaine ne pèse d’un poids quelconque devant Lui. Dieu est aussi provident ; cela signifie qu’Il voit, qu’Il sait et qu’Il pourvoit. Nous attacher exagérément au pouvoir ; croire que les institutions humaines peuvent durer éternellement ; être davantage soucieux de la conservation d’un patrimoine matériel, plutôt que de la transmission d’un héritage spirituel, c’est oublier que la figure de ce monde passe.
Deuxième point, le christ se met au centre de l’événement de la fin des temps :
« On verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire ».
Les prophètes de l’Ancien Testament avaient parlé d’un futur « Fils de l’homme », sans pouvoir lui donner des caractéristiques personnelles. Cela restait un personnage énigmatique. En se présentant dans l’Evangile comme le Fils de l’homme que les prophètes avaient annoncé, le Christ nous dit que malgré le passage du temps, Il est Celui qui unit le passé, le présent et l’avenir. Il est même l’éternel présent, Lui qui était avant tous les siècles. Ainsi nous n’avons pas à craindre, puisque l’avenir ne nous mettra jamais dans une situation différente de celle qui est déjà réalisée dans la rencontre avec Jésus.
Si l’on tient compte de cette réalité, les signes visibles dans le ciel et la chronologie de la fin des temps perdent de leur importance : seul le Christ compte ; seul le Christ demeure et donne sa stabilité.
L’Ecriture nous dit également que le Christ viendra comme « le juste juge ».
Nous souffrons tellement de voir notre monde meurtri par la violence, la guerre, la haine… Comment ne pas aspirer à ce que la justice soit rendue ? Dieu serait-il vraiment bon si le mal et l’injustice restaient sans réponse ? Ne croyons pas que la Miséricorde de Dieu se fasse dans une espèce de confusion diabolique entre le bien et le mal, car si, comme le dit l’épitre aux Hébreux « Dieu attend que ses ennemis soient mis sous ses pieds »… C’est donc qu’il a des ennemis. Mais si je suis l’ami du Christ, si je l’aime ; s’Il est mon sauveur, mon guide, mon roi ; comment puis-je m’inquiéter de sa venue ?
Cette fin des temps, qu’en language chrétien, on appelle « Parousie’, ‘Avènement dans la gloire », « jugement final » ou « jugement dernier », est avant tout une libération ; une libération individuelle, mais aussi collective, comme nous l’avons entendu de la part du prophète Daniel : « Ton peuple sera délivré », le mal et le péché seront détruits, ainsi que leurs conséquences : la maladie, la mort, la tristesse et la souffrance. Comme le dit le Livre de l’Apocalypse : « Dieu essaiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur ». alors Celui qui siège sur le trône déclarera : « Voici que je fis toutes choses nouvelles ».
Troisième point : Jésus ne parle pas d’une destruction totale, mais d’une re-création.
En prenant l’image d’un figuier dont les branches deviennent tendres et préparent les fruits, Jésus présente la fin des temps, non pas comme un grand hiver glacial, mais comme un été : le temps de la moisson et de la récolte.
Chers frères et sœurs, si notre monde et nos rapports humains nous semblent souvent froids et insensibles à la chaleur de l’amour, c’est parce que Dieu n’y est pas encore pleinement présent. Notre monde se refroidit chaque fois que l’emporte l’égoïsme, la rancune ou la vengeance, qui ne sont pas porteurs de vie. Mais chaque fois que nous faisons l’expérience du partage, de la proximité avec les pauvres, du pardon, nous sentons au contraire la chaleur de l’amour. Ce sont les germes du monde nouveau qui sont là, bien réels, sous la neige. La nature qui hiberne ne meurt pas : elle est en attente. De même, le monde nouveau est déjà en germe. Il se construit lentement, comme pousse une branche d’arbre. Ce monde en préparation, en gestation, nous en sommes déjà les membres, c’est le monde de Dieu, et ce monde ne passera pas. Depuis que Jésus est sorti vivant du tombeau, nous savons que le germe de la vie, la semence nouvelle et éternelle, c’est le Christ, et sa Parole de vie : « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas ».
Le point d’appui de notre foi, c’est donc la paroles de Dieu ; paroles de l’ancien Testament d’abord, qui se sont accomplies dans la personne même de Jésus ; et plus encore les paroles que Jésus a dites durant sa vie et qui se sont accomplies dans sa mort et sa résurrection.
Les paroles humaines sont considérées habituellement comme presque rien. Mais la parole de Dieu est plus réelle et plus durable que le monde matériel tout entier.
Cette promesse de la stabilité absolue des paroles de Dieu doit forcément nous interroger sur ce que nous considérons comme stable et solide dans notre vie : Est-ce que je me consacre uniquement à des choses périssables ? Est-ce que je me laisse enseigner et guider par la Parole de Dieu ? Car tout ce qui est dans ma vie personnelle, familiale, professionnelle, est inspirée par la Parole de Dieu, me place déjà dans la vie éternelle et dans le royaume qui vient.
Aujourd’hui, Jésus ne nous parle pas comme Nostradamus. Il ne cherche pas les gros titres ou les formules chocs. Bien au contraire, Il nous détache de la curiosité superficielle pour les réalités visibles et veut nous conduire à l’essentiel : notre vie fondée sur la Parole de Dieu ; notre rencontre avec Lui qui est la Parole vivante ; notre responsabilité devant Dieu qui est le juge des vivants et des morts.
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