Homélie de don Charles-Marie, le 3 octobre 2021
Selon le code de la route, lorsque nous arrivons devant un feu de signalisation jaune fixe nous devons nous arrêter, sauf en cas de danger mais l’exception ne doit pas devenir la règle. Dans l’évangile de ce jour, les pharisiens, pour mettre Jésus à l’épreuve, lui demandent si la loi permet à un mari de renvoyer sa femme. En réalité, ils cherchent la condition qui le leur permettrait.
A la question : Est-il permis de passer au feu orange ? Si nous répondons oui à cette question, en justifiant que nous ne sommes pas en sécurité, nous retournons le code de la route de la même manière que les pharisiens retournent le code de sainteté du mariage que Dieu a donné à l’humanité. Jésus pose la question : Qu’a prescrit Moïse ? Pour les juifs, Moïse est l’auteur de la loi. A cette question les pharisiens répondent qu’il est permis de répudier sa femme dans certaines conditions.
Ce qui est important dans la loi et en particulier dans la loi de Dieu, c’est le bien qu’elle nous demande de viser, non d’en chercher les exceptions légales. Connaître son code de la route ne signifie pas connaître toutes les exceptions qui permettent de le détourner sans être verbalisé.
De façon récurrente dans l’Histoire, l’homme a cherché des exceptions pour détourner la loi. Par exemple, au Moyen-Age, il y avait une mode qui disait que pour pouvoir quitter sa femme ou son mari, il suffisait de prouver que l’on était parent au 7e degré. Etant donné qu’à cette époque les gens restaient toute leur vie dans le même village, il était courant de retrouver des ancêtres communs. La parenté devenait l’exception légale qui permettait la séparation des époux, sans considérer la sainteté du mariage. Jésus nous invite à respecter les dix commandements. Il ne s’agit pas de chercher minutieusement les petites exceptions qui nous permettraient d’être dispensés d’adorer Dieu, d’aimer notre prochain, de respecter nos parents, la vie de son commencement à la mort naturelle ou encore la sainteté du mariage que Jésus nous invite aujourd’hui à considérer.
De grâce, découvrons la sainteté et la grandeur de ce que la loi de Dieu nous invite à protéger et demandons au Seigneur de nous aider à mieux comprendre ce qui est sacré dans notre quotidien. Nous sommes baptisés, confirmés, l’Esprit Saint est là autour de nous. Notre vie spirituelle de chrétiens ne demande qu’à se développer par les sacrements, en particulier lors de la messe dominicale ou même quotidienne car l’Eucharistie est ce que nous avons de plus sacré dans nos paroisses et communautés chrétiennes. Ayons une vie de prière intense, en ce mois du rosaire qui commence, récitons le chapelet chaque jour.
Demandons au Seigneur d’ouvrir nos yeux sur le divin et l’ordinaire de nos vies, notre humanité que Dieu est venu guérir, sauver, rétablir - comme Jésus rétablit la vérité sur le mariage - et diviniser en venant y mettre sa présence. Amen
Homélie de don Edouard, Le 10 Octobre 2021 Il ne se passe pas une semaine sans que le Seigneur ne nous envoie des personnes inattendues, notamment dans cette cathédrale et pas plus tard qu’hier. Une jeune fratrie, en recherche de Dieu, est venue participer au chapelet, comme chaque samedi depuis plusieurs semaines. Voilà la preuve que le Seigneur nous envoie du monde !
Je pense alors à Gertrude, Rita et Guillaume qui aujourd’hui ont frappé à la porte de notre Eglise pour demander à entrer en catéchuménat, c’est-à-dire dans cette phase de préparation au Baptême. Le Bon Dieu vous a touchés et vous confie à nous. Il vous confie à son Eglise pour que vous puissiez devenir disciples du Christ. Quelle responsabilité pour nous ! A présent nous sommes tous responsables de vous devant Dieu. Le Seigneur vous regarde avec tellement d’Amour, depuis tellement longtemps, Il vous dit personnellement : va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres et suis-moi.
Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? demande le jeune homme riche, j’ai déjà observé les commandements. Mais Dieu demande plus et Il donnera au centuple. C’est cela qui vous est proposé à vous qui nous rejoignez dans l’Eglise. Dès à présent, nous sommes votre famille, vos frères et sœurs, ici se trouve votre maison. Cela sera pleinement accompli dans le Baptême, dans la Confirmation, lorsque vous pourrez communier dans l’Eucharistie avec nous.
Gertrude, Rita, Guillaume et vous tous, nous sommes les disciples du Christ et c’est Dieu lui-même qui nous sauve. Le chemin ne fait que commencer et il est rude. Jésus promet la vie éternelle à ceux qui acceptent de marcher à sa suite en proclamant l’Evangile, mais Il nous avertit que nous devrons également subir des persécutions. Sommes-nous prêts à aller jusqu’à la Croix ?
Aujourd’hui, on accuse beaucoup l’Eglise, le sang qu’elle a sur les mains, c’est le sang du Christ qui s’est laissé livrer, qui a été dénudé, qui a été profané, c’est ce sang-là qui coule lors de chaque messe dans les mains du prêtre. C’est ce Corps livré nu, à la merci de tous, qui est offert en réparation de tous les péchés des hommes. Vous êtes rachetés, vous ne vous appartenez plus. Mon corps et ma vie appartiennent au Christ et à son Eglise.
Chers frères et sœurs, Gertrude, Rita, Guillaume, voulez-vous aimer jusqu’au bout, jusqu’à la Croix ? et vous, et moi qui sommes en chemin de conversion, voulons-nous vraiment marcher à la suite du Christ ? lui qui monte à Jérusalem pour se livrer et s’offrir pour le monde. Voulons-nous vraiment vivre de manière cohérente notre vie chrétienne ? Alors tournons-nous avec Foi vers Celui qui peut nous mener jusqu’au bout de la conversion, nous transformer de l’intérieur, lui qui est le bon maître. Supplions, demandons la sagesse, prosternons-nous et nous obtiendrons au centuple. Ne soyons pas satisfaits de notre vie d’aujourd’hui, de notre état médiocre, satisfaits d’obéir à quelques commandements. Allons jusqu’au bout de notre chemin de sainteté.
Aujourd’hui, regardons Jésus qui nous aime, son regard nous appelle : si nous croyons en Jésus, nous aurons la vie éternelle, nous serons crucifiés avec Lui, nous ressusciterons avec Lui et nous siégerons avec Lui à la droite du Père, le corps transpercé, couronné d’épines, ne faisant qu’un avec le Christ. Amen
Homélie de don François, 17 Octobre 2021 Comme chaque matin au presbytère, l’un d’entre nous se levant très tôt, prépare le petit déjeuner pour tous les autres. De la même manière, chaque dimanche bien avant l’heure de la messe, des services sont rendus à la cathédrale par les équipes de bénévoles, les choristes, les servants et servantes qui ne se ménagent pas et donnent de leur temps avec beaucoup de joie pour servir la messe. Je rends grâce pour la fidélité de ces services.
C’est beau de servir, mais ce n’est pas simple de le faire avec détachement, sans rechercher de la reconnaissance. Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, attendent un retour de leur service. En chacun de nous se trouve cette volonté d’aimer, de se donner, de servir mais quelque chose en nous résiste.
Ce combat intérieur est le combat de tous, même les anges se sont divisés. Lucifer, le plus beau des anges, qui avait pourtant tous les talents, dit : Non serviam (je ne servirai pas), contrairement à l’archange saint Michel qui dira : Serviam (je servirai). Nous l’avons entendu dans la prière d’ouverture de cette messe, il nous faut d’abord chercher la volonté de Dieu et non la nôtre. Même si c’est dur de servir, nous avons un modèle, c’est le Christ.
La finale de l’évangile aujourd’hui nous dit que le pouvoir est dans le service, Dieu règne en nous servant. Le service du Christ est discret, il nous laisse toujours libres, il n’attend rien en retour, il ne cherche pas la renommée. De la même manière, le mariage est une vie de service mutuel.
Chers frères et sœurs, si le pouvoir n’est pas dans le service, il devient toujours un moyen de se servir des autres. Nous devons tous nous poser la question : Est-ce que je sers ou est-ce que je me sers des autres, de mes responsabilités, de mon pouvoir, de ma notoriété ? Voilà pourquoi parfois nous sommes déçus par des personnages publics qui, au lieu d’utiliser leur pouvoir pour servir les autres, servent leurs intérêts personnels. Voilà pourquoi l’opinion réagit si fortement, nous sommes pétris par cette mentalité chrétienne, nous savons que le pouvoir c’est le service. Voyez quel dévoiement, quand des prêtres qui sont censés représenter le Christ serviteur, se servent ou se sont servis de leur pouvoir spirituel pour abuser de personnes. C’est diabolique, c’est une inversion totale de ce qu’est le Christ, Satan a mis en eux le « je ne servirai pas ».
Parfois se laisser servir est encore plus difficile, car nous devenons dépendants, vulnérables. Jésus n’a pas peur de se laisser servir, Il nous montre comment faire en demandant à boire à la samaritaine, Il demandera cet ultime service jusque sur la Croix. Jésus nous sert par les sacrements, à travers les paroles du prêtre : « ceci est mon Corps, ceci est mon Sang » ou « je te pardonne tous tes péchés ».
Chers frères et sœurs, dans cette Eucharistie, laissons-nous servir par le Christ. Quand nous allons recevoir la communion, nous allons nous unir à Lui. Laissons cette parole de l’Evangile résonner en nous : le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour la multitude. Amen
Homélie de don Antoine, Le 24 Octobre 2021 Il existe une bonne pratique pour se préparer à la messe du dimanche qui consiste à lire et méditer l’Evangile qui sera proclamé afin de le recevoir avec davantage de fruit. Je recommande dans ce cas de ne pas le lire dans un missel ou un Prions en Eglise mais dans une vraie Bible pour pouvoir replacer le passage dans son contexte. C’est ainsi que je me suis aperçu qu’il manque la moitié du 1er verset de l’Evangile d’aujourd’hui nous faisant ainsi passer à côté d’une chose étonnante qui a été très probablement voulue par St Marc.
Voici donc le verset complet : « Jésus et ses disciples entrent à Jéricho et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, Bartimée, un aveugle qui mendiait était assis au bord du chemin ».
C’est curieux que St Marc précise que Jésus entre à Jéricho pour dire aussitôt qu’il en ressort… Jéricho n’est pas une ville comme les autres. Elle est connue pour être la plus vieille du monde mais aussi la plus basse puisqu’elle se situe 240 mètres en dessous du niveau de la mer. Elle est donc symboliquement la ville la plus éloignée du ciel. Jéricho représente ainsi notre monde corrompu par le péché et éloigné de Dieu. Dire que Jésus entre et sort de Jéricho nous fait donc comprendre qu’il est entré dans notre monde pour nous en faire sortir.
C’est dans ce cadre qu’entre en scène Bartimée, le Fils de Timée qui invoque Bar David, le Fils de David. Timée se traduit par « valeur, gloire, honneur ». Bar Timée est donc le Fils de la Gloire, c’est le nom qu’à l’origine Dieu avait destiné à l’homme. Malheureusement, l’homme s’étant détourné de Dieu se retrouve aveugle, mendiant, sur le bord du chemin.
Grâce à Dieu, cet aveugle n’est ni sourd ni muet. Ayant entendu que c’était Jésus qui passait, il se met à crier « Fils de David aie pitié de moi ». Il invoque la miséricorde. On tente de l’en empêcher et le voilà qui crie de plus belle. Quel exemple de ténacité dans la prière ! C’est précisément quand se présentent davantage d’obstacles et d’objections à la prière qu’il faut prier davantage.
Cette supplication insistante émeut Jésus qui le fit appeler par l’intermédiaire des disciples pour nous montrer que la vocation de l’Eglise est de s’adresser à chaque homme par ces mots : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ».
Chers fidèles, laissez-moi vous le redire : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ». Il n’a pas fallu le dire deux fois à Bartimée : aussitôt laissant son manteau, c’est-à-dire tout ce qu’il avait, tout ce qui le retenait dans son passé, ses craintes, ses addictions, ses péchés, il bondit. Le voilà debout dans la posture du Ressuscité. Sans voir, puisqu’il est encore aveugle, il court à la lumière de la foi vers Jésus dont il contemplera la face dans la gloire. Sauvé par sa foi, il devient disciple. Quittant le bord du chemin, il se met à suivre celui qui a dit « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ».
Qu’il en soit ainsi pour chacun de nous ! Amen
Homélie de don Edouard Le 31 Octobre 2021 Je voudrais vous faire part de deux rencontres faites cette semaine qui m’ont particulièrement touché. La première a eu lieu sur internet, j’ai lu la publication d’un jeune prêtre, reprise par la presse, qui faisait part de son immense lassitude, de son épuisement, de sa solitude qu’il ne pouvait plus vivre, de son incapacité à porter la charge confiée. Les commentaires bienveillants des gens reflétaient leur besoin d’avoir des prêtres fidèles à leur vocation.
Ma deuxième rencontre fut avec une dame de 99 ans ayant eu dix enfants, d’une vivacité remarquable, venue se confesser à moi et recevoir la communion eucharistique. Elle avait un amour de la vie incroyable. Quelle différence avec ce prêtre, pour qui nous devons tous prier aujourd’hui !
Je comprends que l’on puisse être fatigué, on peut même être fatigué d’aimer. Certains sont fatigués d’aimer Dieu, ils se sentent abandonnés, ils ont l’impression que Dieu ne leur répond pas. D’autres se lassent de leur conjoint, de leur famille. Il est également possible de se fatiguer soi-même, de se haïr, au point de ne pas se pardonner et d’entretenir un sentiment de culpabilité qui empêche d’aimer.
Le premier commandement nous dit d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force, de toute notre intelligence. Chers frères et sœurs, regardons notre propre cœur, si nous comptons sur nos seules forces, nous pouvons nous épuiser d’aimer Dieu. De même, sans l’aide de Dieu, nous pouvons nous épuiser d’aimer les autres, nous le savons par expérience.
Pour accomplir le deuxième commandement « aimer son prochain comme soi-même » il nous faut aimer du même Amour que Dieu nous aime. Parce que nous nous sentons aimés, nous pouvons aimer à notre tour.
Certains parmi nous ont fait l’expérience d’un Amour infini de Dieu, ils ont été aimés, choyés, relevés, ils ont été pardonnés. Dans la première lecture, deux conseils nous sont donnés afin de croire en un amour qui dure.
1er conseil : tu craindras le Seigneur ton Dieu. Nous devons avoir et cultiver la crainte de Dieu - qui n’est pas la peur de Dieu - afin d’aimer les autres jusqu’au bout, sans nous laisser gagner par le désespoir, par la colère, par l’impatience, par le sentiment de déception. Dans cette cathédrale, nombreux sont ceux qui découvrent la présence aimante de Dieu qui nous environne, nous soigne, nous relève, nous guérit et nous sauve.
Nous devons garder cette crainte de Dieu et l’emporter dans nos relations car celui qui craint Dieu ne peut pas abuser de son pouvoir et de son autorité, il est sous le regard de Dieu dans les endroits les plus secrets de sa vie, dans son être intérieur, dans ses pensées parfois si malsaines et négatives.
2ème conseil: Écoute ! Chers frères et sœurs, pour aimer vraiment Dieu, il faut l’écouter et non pas s’écouter soi-même ou écouter le monde et ses bruissements. Ecoutons la Parole de Dieu qui nous parle au plus profond de nous-mêmes dans le secret de notre prière personnelle, à la messe le dimanche. Décentrons-nous de nos préoccupations, de nos inquiétudes, de nos désirs, de nos peurs de manquer, de nos colères. Trop souvent nous sommes sur nos téléphones, perdus dans nos pensées, absorbés par notre travail, ainsi nous nous épuisons et épuisons les autres qui, à leur tour, se fatiguent de nous. Ecoutons nos frères, le chant de leur âme, leur souffrance, leur joie, leur pauvreté.
Chers frères et sœurs, demandons les uns pour les autres la grâce d’avoir la crainte de Dieu, apprenons à écouter en mettant Dieu et l’Autre au centre de notre vie, afin d’aimer inlassablement. Nous avons au plus profond de nous une source jaillissante d’eau vive qui nous désaltère sans cesse. Allons jusqu’au Christ pour goûter les mots qui sauvent, allons jusqu’à son cœur transpercé pour nous abreuver de sa présence, à l’abri de son Eglise - cette Eglise où bat le cœur de Jésus et celui de sa mère, eux qui ont souffert et aimé jusqu’au bout sans désespérer. Apprenons à sortir de nous-mêmes et à nous reposer sur le seul roc, le seul refuge qui est Dieu qui se donne. Amen
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