Par Pierre Augustin, séminariste à la Communauté saint Martin
Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés » (Mt 6, 7). Ces paroles du Christ sur la prière peuvent résonner de manière paradoxale en ce mois d’octobre. En effet, bien qu’il soit déjà largement entamé, il est encore temps de nous rappeler que ce mois est consacré au Rosaire depuis le pape Léon XIII à la fin du XIXème siècle. Nous pourrions alors nous dire qu’il y a là une contradiction entre cet encouragement à prier le chapelet et cet enseignement du Christ. S’il y a bien une prière répétitive, où l’on a l’impression de « rabâcher comme des païens », c’est le chapelet.
Et pourtant, saint Jean-Paul II, dans sa lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, considère que « dans sa simplicité et dans sa profondeur, il reste […] une prière d’une grande signification, destinée à porter des fruits de sainteté ». En effet, il ne s’agit pas de « rabâcher », mais bien de s’associer aux paroles de l’Ange à Marie par le « Je vous salue Marie » et à la prière du Christ par le « Notre Père ». De plus, la méditation des différents mystères de la vie du Christ, et les fruits qui y sont associés comme la foi pour la Résurrection, montre bien que le sens de cette prière n’est pas de répéter mais d’entrer dans la contemplation.
Cette prière pauvre et, pour une part, répétitive nous aide par ailleurs. Le Christ nous dit, en effet, : « Heureux les pauvres de cœur ». La prière ne se résume pas à une méditation et des demandes que nous formulons nous-mêmes. Nous sommes peut-être plus souvent dans la position des Apôtres qui demandent au Christ : « Seigneur, apprends-nous à prier » (Lc 11, 1). Il nous reste alors à nous tourner vers cette prière simple que nous recevons de l’Eglise.
Pierre-Augustin Henry
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