top of page

Homélies de Mars

Homélie du Dimanche 17 mars

5e dimanche de Carême, année B

Par Don Xandro

Qui aime sa vie, la perd ; 

qui s’en détache en ce monde, gagne la vie éternelle


De nombreux observateurs constatent un écart croissant entre l’Eglise et la société, voire une opposition entre le christianisme et le monde, entre la logique de Dieu et la logique du monde. 

Cela se vérifie dans de nombreux domaines, mais si on va au fond des choses, il y a opposition entre le message de la croix et la préservation de soi, entre le don de la vie et l’instinct de survie. 

Jésus nous dit que pour le suivre il faut prendre sa croix, donner sa vie, tout quitter. Il n’est pas rare d’entendre dire que tout cela est profondément irréaliste, déraisonnable, que la réalité du monde n’est pas ainsi faite. Chacun cherche tout simplement à préserver sa propre existence. Dans la vraie vie, la croix, on ne l’embrasse pas, on la fuit ou on la combat. On nous dit que c’est ainsi, que c’est la loi de la nature, la loi du plus fort ! 


Permettez-moi aujourd’hui de mener une attaque frontale contre cette soi-disant loi de la nature, contre ce principe de la préservation de soi. Car ce principe est tout sauf réaliste et raisonnable, et ce pour deux raisons : 


1. Une vision du monde qui n’inclut pas la souffrance, la maladie et la mort est profondément irréaliste.

S’il y a bien une réalité dont nous sommes sûrs, c’est que personne n’échappe à la mort ! Bâtir sa vie sur la fuite ou le combat contre la mort revient à programmer l’échec. On ne peut pas indéfiniment repousser la mort, on peut tout au plus obtenir un sursis.


2. De manière plus grave, une vie fondée sur la préservation de soi conduit à l’isolement, elle nous rend incapable d’aimer, nous enferme dans un égocentrisme monstrueux. Alors qu’on veut préserver sa vie, on se voue à une mort de l’âme, une mort du cœur, une mort intérieure. 


Il faut bien se rendre à l’évidence, nous n’avons pas le choix : nous allons tous mourir, préservation de soi ou pas, la question est juste : comment ? Quel genre de vie aurons-nous mené ? Comment intégrons-nous la perspective de notre mort dans notre vie ? Amertume, refus, rébellion, désespoir ? Ou paix, consentement, confiance et espérance ? 

Dans l’Evangile aujourd’hui,  le Christ nous livre la vraie loi de la nature, l’authentique réalisme, la seule attitude raisonnable à avoir : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul. Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » Voilà la loi qui régit toute la Création et qui est inscrite dans la nature. Cela n’est pas étonnant, car le Dieu rédempteur qui nous parle de la croix n’est autre que le Dieu créateur à l’origine de toute chose. La loi de la croix est la vraie logique du monde, du monde créé par Dieu. 


Par son attitude face à la mort, par la libre acceptation de la croix, par l’offrande de sa vie, le Christ démasque le mensonge du diable : « maintenant le prince de ce monde va être jugé ». Oui, « qui aime sa vie, la perd ; qui s’en détache en ce monde, gagne la vie éternelle ». Par sa résurrection le Christ démontre la vérité et la solidité de la vraie loi de la nature, celle du grain de blé qui reste seul s’il cherche à se préserver, mais qui donne beaucoup de fruit s’il consent à donner sa vie. 

Tu veux sauver ta vie ? Alors, donne, donne toujours, donne sans compter ! Donne ton temps, ton attention, ton énergie, tes biens, ton argent, ton amour, ta vie, tout ce que tu possèdes ! Donne, et n’écoute pas la voix du menteur des origines qui te dit qu’il faut que tu penses à toi-même. On ne donne jamais trop, tout au plus on donne mal, comme lorsque nous oublions, que nous ne sommes que des pauvres créatures. Bien sûr qu’il faut prendre soin de soi pour être capable de donner demain à nouveau ! Pour donner nous avons besoin de recevoir, et pour cela nous devons puiser nos forces en Dieu, nous ressourcer en Lui. Mais ultimement, notre vie n’est pas là pour être préservée, mais pour être donnée. Notre vie, si nous voulons la sauver, il nous faut la donner, jour après jour à la suite du Christ.

Amen.


 

Homélie du vendredi 15 mars 2024

4e semaine de Carême

Par don Xandro


Dieu déjoue les forces du mal de l’intérieur

pour en tirer un plus grand bien


Au fur et à mesure que nous nous approchons des jours saints, les récits de l’Evangile sont comme un étau qui se resserre autour du Christ. Sa Passion devient inéluctable, car l’opposition au Christ va grandissante. Mais on peut constater, surtout chez saint Jean, que tant que son heure n’est pas venue, Jésus est inattaquable. Personne ne lui enlève sa vie, c’est Lui qui la donne ! Malgré les machinations de ses ennemis, l’Evangile insiste sur la liberté du Fils de Dieu.


Le livre de la Sagesse nous dit que rien n’échappe à Dieu : 

C’est ainsi que raisonnent ces gens-là, mais ils s’égarent ;leur méchanceté les a rendus aveugles.Ils ne connaissent pas les secrets de Dieu,ils n’espèrent pas que la sainteté puisse être récompensée,ils n’estiment pas qu’une âme irréprochable puisse être glorifiée.


Si nous avions à déjouer les machinations et les complots de ceux qui en veulent aux justes, sans doute interviendrons-nous avec force, vigueur et résolution, afin de repousser ces forces du mal. Mais Dieu n’agit pas ainsi, il déjoue les forces du mal de l’intérieur pour en tirer un plus grand bien. 


Notre vocation de chrétien n’est pas de déjouer le mal en l’affrontant en face, en partant en guerre, mais en étant ce juste qui, pour une part, se laisse faire, comme le Christ s’est laissé faire ; ce saint qui devient la victime ; cette personne obéissante à la volonté de Dieu en toute chose. C’est ainsi que de l’intérieur le mal perd son aiguillon, comme le dit saint Paul. 


Il s’agit-là d’un chemin exigeant que nous propose le Christ, mais en même temps, c’est le seul chemin qui à long terme, peut réellement remporter la victoire sur le mal, car lui seul ne rajoute pas le mal au mal, mais déjoue le piège de l’intérieur. Amen

 

Homélie du samedi 9 mars 2024

3e semaine de Carême

Par don Xandro


“Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !”


Aujourd’hui, Jésus nous enseigne que la comparaison est un poison pour notre vie spirituelle. L’exemple que prend le Christ nous rejoint peut-être directement, Il nous parle de ce pharisien qui se réjouit de jeûner deux fois par semaine, se comparant et se trouvant plus juste que le publicain. 


Nous aussi, soyons vigilants, sans quoi nous risquons de croire que nous faisons partie d’une élite, que nous sommes des élus de Dieu. Cette attitude de comparaison est un poison et annule tous les bienfaits de nos efforts de Carême !


Jésus nous dit de ne pas chercher à nous identifier au pharisien ni au publicain d’ailleurs. S’il ne faut ni regarder les autres, ni se regarder soi-même, tournons notre regard vers Dieu ! Prenons conscience de notre péché, de notre faiblesse, de nos insuffisances et regardons le Seigneur et son Amour infini !


 

Homélie du 3 mars 2024 

3e dimanche de Carême – année B

Par don François


La semaine dernière, j’ai eu la joie de pouvoir prendre quelques jours de vacances en famille, un moment de ressourcement et de retrouvailles, en particulier avec mon petit neveu âgé de quatre ans ; un âge où les enfants peuvent être assez turbulents et où il faut constamment les surveiller. 

Après un déjeuner, l’attention des parents et des grands parents s’étant relâchée, l’un à la vaisselle, l’autre à la sieste, l’autre à ses mots-croisés…chacun pensait que l’enfant terrible était sous la surveillance de quelqu’un, jusqu’à ce silence, plus long que d’habitude, un silence inhabituel qui devint bientôt inquiétant… « Mais où est le petit ? Il n’est pas avec toi ? Mais non, je pensais qu’il était avec toi… » Et en quelques minutes : l’angoisse, la panique, comme jamais je ne l’avais vue sur des visages. Nous étions dans une région inconnue, un terrain accidenté…de quoi imaginer le plus terrible des scenarios. Mais après quelques minutes, qui ont paru durer des heures, le visage enfantin réapparaît… Ouf de soulagement ! L’enfant est tout à la fois embrassé, consolé… et grondé pour s’être ainsi éloigné. 


Cette petite tranche de vie peut illustrer les lectures de ce dimanche :  l’évangile tout d’abord : « L’amour de ta maison fera mon tourment ». Qui ne s’est jamais tourmenté pour quelqu’un, qui ne s’est jamais fait de souci pour un proche ne sait pas ce qu’est l’amour ; le courage d’un père qui ferait tout pour sauver la vie de son fils ; l’inquiétude constante – jour et nuit – d’une mère pour ses enfants… Tout cela est encore en-dessous de l’amour que Dieu a pour chacun de nous. 


Cet amour de Dieu pour nous est un amour « jaloux » nous dit la première lecture, c’est-à-dire un amour non pas possessif, mais exclusif : Dieu attend que notre cœur soit entièrement ouvert à Lui, parce qu’Il veut se donner totalement à nous ! Et parce que Dieu nous aime comme ses propres enfants, Il veut aussi ce qu’il y a de meilleur pour nous. J’ai bien dit « ce qu’il y a de meilleur », pas « ce qu’il y a de plus facile » ! Les enfants les mieux éduqués ne sont-ils pas ceux à qui on a su dire « non », « pas maintenant » ? A l’inverse, ceux à qui on a passé tous les caprices se montreront finalement les plus ingrats. Dieu n’achète pas notre amour avec une générosité à bon marché ! Au risque d’être incompris – comme le sont souvent les parents – Dieu se montre exigeant envers nous car Il nous veut vivants, pleinement vivants. 


Comme nous l’avons entendu dans la lecture du livre de l’Exode, sur la montagne du Sinaï, Dieu veut nous détourner des impasses et Il indique le chemin vers Lui. Ses commandements ne sont pas là pour nous empêcher de vivre ; ils nous aident à ne pas nous perdre. Mais parce qu’une carte de montagne ne remplacera jamais l’expérience d’un bon guide, Dieu va envoyer son propre Fils pour nous guider.


L’évangile de Jean nous rapporte, qu’à l’approche de la fête juive de la Pâque, Jésus va à son tour faire une ascension, non pas sur le mont Sinaï, mais sur la montagne de Jérusalem. Le but ultime de cette montée de Jésus, c’est l’offrande de lui-même qu’Il fera sur la Croix ; offrande par laquelle tous les sacrifices anciens de brebis, de bœuf ou de colombe seront remplacés par son sacrifice, unique, parfait et définitif, avant de ressusciter et de retourner vers son Père.


Jésus va ainsi sceller l’alliance dans sa propre chair et faire de son corps le véritable Temple. En Jésus - qui est le nouveau Temple - nous pouvons adorer le Père. Et nous-même, en accueillant le Christ dans notre vie, devenons un temple saint pour le Seigneur, à condition que nous ne soyons pas, nous aussi, comme les marchands du Temple, d’abord préoccupés de notre commerce, de nos biens, de comment nous pouvons tirer avantage de telle situation ou de telle personne !


Chers frères et sœurs, et vous chers catéchumènes qui vous approchez joyeusement mais humblement du jour de votre Baptême, vous savez que le temps du Carême est ce temps de purification et de conversion sans lesquelles nous ne pourrons pas réellement goûter la joie pascale. C’est le moment favorable pour imiter le Christ et chasser résolument de nos âmes la convoitise, l’idolâtrie du plaisir et des biens matériels.  


L’enjeu n’est pas dans nos privations de dessert, de cigarette ou de chocolat ! Cela n’a pas plus de valeur que n’en avaient les sacrifices de bœufs, de brebis ou de colombes si cela n’est pas accompli avec la seule intention qui compte : refaire de notre âme un temple, un sanctuaire dans lequel Dieu, et Dieu seul, habite. 

bottom of page